Le plus pauvre n’échangerait pas sa santé pour de l’argent, mais le plus riche donnerait tout son argent pour la santé. (Charles Caleb Colton)
Deux initiatives pour limiter le montant des primes d’assurance-maladie seront proposées bientôt au peuple suisse. Si l’initiative proposée par la gauche de limiter le montant des primes à 10% du revenu me paraît aller dans la bonne direction, j’avoue ne pas bien comprendre les objectifs visés par la deuxième initiative proposée par le Centre; mais au fond, peu importe.
Le système de primes d’assurance maladie fondé sur des taxes est profondément injuste; une personne ayant un « revenu » minimal selon les critères de l’AVS peut théoriquement payer jusqu’à un quart de ce revenu en primes d’assurances maladie, alors qu’une personne ayant un revenu plus confortable (au hasard, un ancien conseiller fédéral à CHF 20000.- par mois) ne paie que moins de 3%. Oui, bien sûr, il existe des aides pour les démunis, que l’on peut demander en remplissant le formulaire 43bis, et en se rendant ensuite au bâtiment d’administration communale, au bureau 51 pour un entretien avec M. Tartempion, et ensuite revenir la semaine prochaine avec les pièces justificatives inévitablement manquantes. Cela reste une demande d’aumône, assez humiliante pour des personnes ayant parfois travaillé dur toute leur vie dans des métiers physiquement éprouvants, mais souvent hélas médiocrement rémunérés.
Les neuf dixièmes de notre bonheur reposent sur la santé. Avec elle, tout devient source de plaisir. (Schopenhauer)
La santé est, selon moi, un paramètre de la sécurité individuelle, et aussi de la sécurité sociale. Au même titre que les institutions comme la police ou la gendarmerie essaient, sans toujours y parvenir, de garantir une certaine sécurité pour la société. Au même titre que l’armée qui peut intervenir si un vilain méchant pas beau venant de préférence de l’Est vient nous chercher des poux. Cette même armée qui peut aussi venir en aide aux citoyens en cas de catastrophe naturelle; mais paie-t-on une taxe pour ce genre de services ? Non, c’est inclus dans les finances cantonales ou fédérales, prélevé sur le budget alimenté par les impôts. En quoi la santé représente-t-elle un cas à traiter différemment, du moment que l’assurance de base est obligatoire ?
Ce n’est d’ailleurs pas la seule contradiction du système : on demande aux hôpitaux d’être rentables, mais demande-t-on à une caserne militaire d’être bénéficiaire ? Demande-t-on à des agents de police de rapporter de l’argent ? Ils en rapportent, bien sûr, indirectement en assurant la sécurité et la stabilité de la structure sociale; mais la santé des personnes physiques est aussi un atout pour cette même société; alors ces cas sont-ils réellement si différents ?
Le seul remède, à mon sens, à des primes d’assurance-maladie qui deviennent insupportables, c’est l’indexation au revenu. Et l’indexation au revenu, c’est les impôts. Bien sûr, j’en vois d’ici qui vont monter aux barricades, en disant que cela va coûter de l’argent, qu’on ne peut pas se payer ça, etc… Mais cela coûte déjà beaucoup d’argent ! Aux individus nécessiteux d’un côté, mais à la société aussi par la baisse du pouvoir d’achat que cela implique, par les aides toujours plus nombreuses qu’il faut accorder.
Existe-t-il pour l’homme un bien plus précieux que la Santé ?
Socrate
Je suppose que d’anciens conseillers fédéraux vont se fendre d’une lettre commune pour dénoncer une telle proposition, eux qui ne remarquent probablement même pas les primes d’assurance qu’ils paient chaque mois. Pourtant, ils ne réagissent guère aux propositions de dépenses militaires qui sont faites actuellement par le département concerné, bien qu’il s’agisse, à mon sens, d’une problématique similaire : la sécurité publique…