La voiture électrique a le vent en poupe. Depuis que l’on a voué le diesel aux gémonies suite au scandale des trucages par logiciel, les constructeurs craignent de ne plus pouvoir compter sur le moteur diesel pour satisfaire les futures normes CO2, et ils se tournent vers le moteur électrique. Parfait? Pas si sûr…
La grande majorité des constructeurs s’oriente vers une solution technique hyper-conventionnelle, à la mode Tesla. Techniquement, on remplace le moteur à explosion par un moteur électrique, le réservoir d’essence par une (grosse, quand même) batterie et le tour est joué. On peut pratiquement conserver la même chaîne de montage ! Génial non ? Bon, il y a bien deux-trois subtilités, comme la récupération d’énergie, la boîte à vitesse et l’embrayage que l’on ne va plus reprendre dans le modèle électrique, mais sinon, on n’a pas eu besoin de révolutionner le design de l’automobile. Et on fait confiance aux électriciens pour inventer de meilleures batteries et mettre en place un réseau de distribution à grande capacité pour que l’on puisse envisager de passer des vacances au sud de la France sans trop galérer à la « pompe ».
Eh bien,personnellement, je suis très déçu par cette évolution hyper-conventionnelle. Le moteur électrique n’est utilisé que comme remplacement du moteur à essence, et les particularités de ce type de moteur ne sont que peu voire pas du tout exploitées. De plus, on monte dans un châssis de voiture une batterie monumentale, ce qui impacte fortement le poids de l’ensemble, batterie au lithium qui plus est, ce qui a des conséquences néfastes (en raison de la consommation d’eau) pour l’agriculture dans les principaux pays producteurs et lors du recyclage. Attention ! il est nettement moins polluant d’extraire du lithium que du pétrole; mais baser toute la réserve d’énergie sur le seul lithium n’est pas pour autant une solution techniquement idéale.
Je rêve d’une voiture électrique équipée de deux petits moteurs (quatre pour la version à traction intégrale) proches des roues et alimentés par un système de pile à combustible, ou un moteur thermique fonctionnant avec un carburant neutre, tel que le produit de la récupération du CO2. Idéalement, on imagine un moteur auxiliaire de recharge fonctionnant avec plusieurs types de carburants. Les moteurs électriques seraient directement commandés par le système informatique embarqué qui jouerait le rôle d’antipatinage et de différentiel. On économise ainsi le poids de l’arbre de transmission et du différentiel; sur un modèle à quatre roues motrices, on peut moduler la puissance exercée sur chaque roue par le logiciel embarqué, et n’avoir que deux roues entraînées sur autoroute, par exemple, mais quatre roues en freinage/récupération en descente. Le freinage électromagnétique pourrait vraisemblablement remplacer dans une très large mesure les freins à disque, l’antiblocage étant toujours assuré par le logiciel de commande. Des prototypes existent, mais ils ont un grave défaut, c’est d’être assez éloignés de la voiture conventionnelle, et de ce fait de demander des investissements pour la rendre réellement opérationnelle; de plus, il s’agit d’intégrer beaucoup plus de logiciel dans l’automobile que jusqu’ici, ce qui modifie profondément les habitudes des constructeurs.
Il semble probable que l’architecture Tesla reste le modèle architectural de la voiture électrique pour ces prochaines années, du moins jusqu’au moment où le lithium se fera rare. Dommage, car… Peut mieux faire !