IMINET

Intelligent Medical Information Network (iminet) a été un projet financé complètement par la HES-SO, selon les règles alors en vigueur. Un mode de financement particulièrement peu cohérent, puisque les règles stipulaient que le financement était accordé uniquement s’il y avait collaboration entre plusieurs institutions, mais que par ailleurs ces institutions devaient appartenir à un même cercle de compétences. Il était donc impossible de faire financer un projet où auraient participé des médecins, des mécaniciens, des sociologues et des informaticiens, par exemple. Ce qui explique que iminet, bien que se voulant un projet à vocation médicale, n’ait été développé d’abord que par des gens provenant des technologies de l’information !

iminet_coulL’idée était de mettre en place un réseau de communication permettant de relier l’ensemble de la chaîne médicale du patient jusqu’à l’hôpital en passant par le médecin traitant. Ceci impliquait un protocole applicatif soigneusement sécurisé, qui permettait de définir des rôles; chaque rôle était soumis à des conditions lui permettant ou non d’accéder à une information donnée. Ainsi, un médecin traitant pouvait transmettre des données vers un médecin d’un hôpital lorsque son patient était hospitalisé. De manière similaire, une personne âgée pouvait être surveillée par un réseau de capteurs dont les informations n’étaient accessibles qu’à un nombre de personnes très restreint de la famille , le médecin traitant et/ou une organisation de soins à domicile.

En soi, l’idée était excellente; mais il eût fallu une collaboration plus active des intervenants du monde médical pour produire une fonctionnalité pertinente; ce n’est que sur la fin du projet que nous pûmes compter sur l’intérêt bénévole d’un médecin retraité pour orienter de manière plus spécifique les options que nous avions prises dans notre architecture.

Malgré le manque de synchronisation avec les milieux médicaux, iminet permit la mise au point de nombreuses solutions qui furent plus tard utilisées dans d’autres projets, comme MuST, SAVER ou Diagnosuite, pour ne citer que ceux-ci. Il nous permit aussi de mettre en évidence (si besoin était) les surprenantes incompatibilités entre les systèmes d’information des diverses institutions formant le monde la santé : pharmacie, les divers hôpitaux, cabinets médicaux, assurances, établissements médico-sociaux, organismes de facturation… Même à très bas niveau, il était souvent impossible d’échanger de l’information entre des acteurs du monde de la santé, souvent pour des raisons de sécurité comme par exemple la difficulté d’identifier de manière non équivoque un médecin ayant le droit de consulter une information concernant un patient.

Anecdote : dans un cas bien précis, l’hôpital A effectua une radiographie d’un patient et sur cette base décida d’envoyer ledit patient vers l’hôpital B mieux équipé pour prendre en charge ce cas particulier. On aurait pu s’attendre à ce que la radiographie soit transmise à l’hôpital B; eh bien non, il s’avéra plus simple de refaire une nouvelle radiographie à l’hôpital B, avec la dose supplémentaire d’irradiation que cela impliquait pour le patient.

iminet eut en tous cas le mérite de démontrer l’absurdité du système de financement de projets qui ne voulait financer que des projets à l’intérieur d’une même discipline; mais il fallut encore de nombreuses années pour que la HES-SO révise son mode de financement; en 2014 encore, on n’était pas parvenu à un système vraiment rationnel en la matière. Mais bon, après tout, ce n’est jamais que l’argent du contribuable !

 

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