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Rupture

Beaucoup de gens ont, au cours de leur existence, subi une modification profonde de leurs conditions de vie suite à un évènement imprévu, un accident, une maladie, une rupture sentimentale ou que sais-je encore. Il y a la vie avant et la vie après, deux époques soumises à des conditions parfois très différentes. Tel skieur de haut niveau qui devient tétraplégique suite à un accident… Telle mère heureuse qui voit sa famille détruite suite à un évènement imprévu. Ou encore une maladie qui soudain fait d’un individu en bonne santé et plein de projets d’avenir un plus ou moins condamné réduit à planifier sa fin de vie de la manière la moins désagréable possible pour ses proches.

Un grand marcheur qui ne parvient plus à se déplacer jusqu’aux poubelles; un skieur émérite qui se voit interdire une altitude supérieure à 1000 mètres, un sportif de haut niveau rendu tétraplégique par un accident, un cancer du sein qui évolue de manière maligne…

Une vie se brise, et modifie le cours de nombreuses autres vies de par là-même. Un évènement banal à l’échelle de l’humanité, mais tellement bouleversant pour les individus… D’autant que rien n’a été fait pour faciliter les choses vis-à-vis des proches de la victime. Ces dernières n’ont guère d’autres choix, souvent, que le sacrifice de leur manière habituelle de vivre, ou de quitter la victime au risque d’une culpabilisation durable.

Dans de nombreux cas, il serait pourtant possible d’appliquer des solutions alternatives, en mettant en relation ces victimes avec d’autres victimes d’accidents similaires ou autres  (après tout, un malvoyant peut pousser le fauteuil d’un tétraplégique, non ?) sous la supervision de thérapeutes (psychologues, assistants sociaux, etc…). Des structures similaires existent, mais n’insistent guère sur la proximité nécessaire à un contact physique entre les personnes. Or, si le virtuel que nous proposent généreusement Internet et Facebook ont leurs avantages, rien ne remplace la présence effective d’un interlocuteur pour un verre de blanc à l’apéro ou un café-croissants pour commencer la journée.

La difficulté est de mettre en relation les bonnes personnes, et les thérapeutes ont vraisemblablement un rôle important à jouer dans cette mise en relation, ainsi que dans un conseil éclairé sur d’éventuelles thérapies. Le fait que les victimes puissent se prendre ensuite en charge elle-mêmes pourrait permettre d’améliorer leurs conditions de vie ainsi que celles de leurs proches, ainsi que peut-être de soulager légèrement les coûts de la santé. Les moyens nécessaires sont relativement modestes : un site Web par région, plusieurs groupes Facebook, et quelques volontaires parmi les quels des thérapeutes et la participation active d’hôpitaux universitaires et régionaux pour orienter les victimes vers cette offre.

Et l’espoir que cela puisse fonctionner…

La santé est trop chère

En Europe Occidentale et particulièrement en Suisse, nous disposons d’un système de santé d’excellente qualité et d’assurances maladies bien établies. Mais cela coûte cher. Lorsque l’on en fait la remarque, les réponses arrivent rapidement, si répétitives qu’elles finissent par ressembler à des lieux communs.

  • Les recherches en pharmacologie sont fort coûteuses, il faut bien les amortir… Euh, bien sûr… Mais pourquoi la même molécule est-elle trois fois plus chère en Suisse qu’en France ? Les recherches sont identiques, non ?
  • Pour être en mesure de conserver des places de travail en Suisse, il faut payer des salaires suisses, et ceux-ci sont plus élevés ! Ah ? Et les nombreux frontaliers que vous engagez, vous les payez aussi à des salaires suisses ?
  • Nous avons le meilleur système de santé du monde, cela a un prix, et la santé n’a pas de prix ! Ah, permettez : la santé a un prix : celui qu’on peut payer, et certains suisses ne peuvent plus payer ce prix !
  • Les appareils modernes sont très chers, il faut les payer ! Ah, c’est pour cela qu’on répète dans l’hôpital B les examens effectués deux heures avant dans l’hôpital A ?

Lors de divers projets de développement au cours de ma carrière d’ingénieur en technologies de l’information, j’ai pu déceler d’autres raisons au surcoût de la santé. Ainsi, tel hôpital universitaire a déroulé une étude sur plus de dix ans pour choisir un système informatisé de dossier du patient. Ils ont fait l’acquisition d’un système forcément obsolète (dix ans après, tu penses !) dont l’éditeur a rapidement décidé l’abandon un peu plus tard. Cet hôpital s’est doté avec force millions de francs suisses d’une antiquité (après dix ans d’étude, le système n’avait pratiquement pas évolué, car l’éditeur le savait obsolète) qui est entretenue par une entreprise américaine en seconde main qui n’attend que le moment opportun pour proposer son propre système en remplacement de l’actuel. Comment dites-vous ? Sera-ce compatible ? Franchement, quelqu’un a-t-il déjà vu deux systèmes informatiques conceptuellement différents pouvoir se targuer de réelle compatibilité ? Ce n’est pas tant le prix du système qui va coûter très cher au contribuable, mais les dizaines de milliers d’heures d’étude, d’apprentissage, de « customisation », etc… qui ont été mises dans cette gigantesque poubelle informatique.

La loi impose au soignant de documenter ses actes pour que les assurances maladies puissent rembourser les prestations. Mais cette documentation implique un travail de bénédictin pour les soignants : et pose d’une voie veineuse à M. Dufenu, code 534789234, pose d’un pansement à Mme Dumoulin, code 785234123, et… On parle ici de LaMAL et de codes TARMED. Il ne serait guère difficile de saisir ces codes automatiquement (nous avions proposé un système prototype à l’hôpital cité plus haut), mais l’inertie de ces grandes structures implique une absence de prise de risque de la part des responsables. Imaginez que le système choisi foire : si le logiciel est conçu par une société locale genre PRESDECHEZTOI SA, on va accuser le service ayant choisi le système de négligence coupable, alors qu’un système largement plus pourri et mille fois plus coûteux, mais estampillé MICROSOFT ou APPLE n’aura que peu de répercussions sur la personne ayant choisi le système (« Ah, mais c’était une grande maison, alors j’ai eu confiance »).

Le système de santé constitue certainement un poste forcément cher dans un bilan. Mais une partie conséquente de ce poste est à imputer à une inefficience qui touche parfois au ridicule. Un exemple encore, et ensuite je ferme mon usine à stupidités:

Récemment, j’ai été transféré en ambulance de Berne à Neuchâtel pour des raisons loufoques sur lesquelles je ne reviendrai pas ici. Dans le garage de prise en charge de l’hôpital de l’île, à Berne, on m’a mis dans une ambulance bernoise, avec un conducteur et un ambulancier très sympathiques. J’ai eu le temps au passage de voir deux autres ambulances vides sur le départ, ayant amené des patients de Neuchâtel à Berne, avec des plaques de Neuchâtel. J’ai demandé innocemment s’il n’eût pas été possible de rentrer avec l’une d’elles au lieu d’en affréter une troisième. Eh bien c’est impossible pour un tas de raisons que je ne vais pas détailler ici, sauf deux d’entre elles :

  • A qui facturer la course ? A l’assureur du patient aller ou à celui du retour ? Quant à partager, trop compliqué, et pas prévu par la loi, il n’y a aucun code défini pour cette opération.
  • Les syndicats ne sont pas d’accord, car cela fait du travail en moins pour les ambulanciers.

Oui, ce sont de petits frais, c’est vrai. Mais cela donne une idée de l’esprit de la chose… Du coup, trois ambulances se sont suivies sur l’autoroute entre Berne et Neuchâtel. Vous avez dit pollution ? Non, elles n’étaient pas munies de moteurs électriques.

Restez en bonne santé, c’est ce qui peut vous arriver de mieux ! Et accessoirement, ca aidera vos concitoyens aussi.

 

Comptabilités

En 1979, un informaticien génial et idéaliste de dix-huit ans, Dan Bricklin, fonda le logiciel Visicalc, un programme s’exécutant sur un ordinateur Apple II. Visicalc inaugurait le tableur et allait révolutionner le travail des comptables (et accessoirement doper immensément les ventes de Apple qui n’a jamais reversé un dollar à Dan Bricklin). Les brevets logiciels n’existant que depuis 1982 aux Etats-Unis, Visicalc fut abondamment copié et cloné (Multiplan, Lotus 1-2-3) en toute impunité; tout ceci pour en finir avec l’omniprésent Excel, dernier descendant d’une longue lignée de tableurs tous plus sophistiqués les uns que les autres, mais n’ayant fondamentalement pas grand-chose à rajouter aux fonctionnalités essentielles de Visicalc.

Cette révolution technologique eut une conséquence plus insidieuse que l’on ne commence à réaliser que 35 ans plus tard. Dans les années 80, un comptable était un travailleur acharné qui sur la base de paramètres immuables effectuait additions, soustractions et multiplications pendant d’innombrables heures pour parvenir à un résultat auquel on ne pouvait guère toucher sous peine de devoir tout recommencer. Or avec un tableur, ce travail se réduit à quelques secondes. Certains crieront au miracle technologique, mais les effets pervers s’avèrent nombreux.

Il est ainsi devenu aisé d’étudier l’effet des modifications de quelques paramètres sur un bilan global. Cela s’appelle de l’optimisation. Dans un projet de recherche financé par des fonds publics, on peut ainsi facilement jouer sur le taux de rémunération annoncé au bailleur de fonds relativement au taux de rémunération effectif d’un employé pour engranger des bénéfices qui iront on ne sait trop où, mais probablement pas à la recherche. Avant, ce n’était possible qu’au prix d’un effort gigantesque, donc on ne le faisait pas et la recherche engrangeait cet argent. Maintenant, il suffit de modifier légèrement le taux pour que le projet se termine effectivement à la date planifiée, et le reste peut servir à rémunérer d’autres postes déficitaires (ceux que certains de mes collègues appellent cavalièrement des « inutiles »).

Autre exemple : l’hôpital de Neuf Castel reçoit un malade en situation critique, les médecins se rendent rapidement compte qu’ils ne peuvent prendre en charge le cas, et on l’envoie par hélico à Bären Stadt où ils peuvent le traiter. Mais bon, du coup, Neuf Castel ne récupère pas l’argent du séjour du malade; alors dès le traitement effectué, ils font re-transférer le malade en leurs murs par ambulance pour le mettre aux soins intensifs chez eux, de manière à récupérer les nuitées. Il est bien sûr parfaitement logique (?) de placer en surveillance intensive un malade à 40 kilomètres du seul endroit où on est en mesure d’intervenir en cas de récidive (et, vérification effectuée, il ne s’agit aucunement d’un problème de places disponibles). Là encore, Excel a frappé en démontrant que le bilan, entre ce qui est remboursé par les assurances et ce qui est à la charge de Neuf Castel est plus favorable dans ce cas de figure, une opération quasi impensable effectuée manuellement sur les centaines de patients éventuellement incriminés.

Le tableur a donné aux comptables un pouvoir immense : d’obscurs manipulateurs de machines à calculer qu’ils étaient, ils sont devenus les vrais décisionnaires, ceux qui fournissent aux politiciens élus les arguments de décision. Ils ont le pouvoir, mais aucune formation en rapport, une éthique professionnelle inadéquate; et surtout, aucune légitimité. Tous les grands acteurs politiques utilisent des comptables pour étayer leurs discours, mais la puissance du tableur permet de faire dire à peu près n’importe quoi à une quelconque série de chiffres, et ces projections ne coûtent rien.

Le tableur est une bénédiction pour le comptable. Mais le comptable est-il une bénédiction pour la société ? Certainement pas dans son nouveau rôle d’ordonnateur de la politique mondiale, ou (plus près de mon expérience personnelle) en tant que directeur des recherches dans un institut de hautes technologies. Quant un comptable dit qu’un projet doit se terminer à tel jour et telle heure, au mépris de l’état effectif du projet, ce comptable outrepasse totalement son rôle (d’autant que lui n’a pas le souci de virer les gens, c’est les gens des Ressources Humaines qui le font). Malheureusement, il y a de plus en plus de directeurs d’instituts de recherche  qui obéissent aveuglément au comptable, tant la place qu’il a prise est devenue redoutable et son rôle redouté.

Courage, le comptable sera bientôt remplacé par un robot comptable. Je ne suis pas certain que cela représentera un bienfait, mais cela fera toujours une personne de mauvaise foi en moins.

 

Le respect des autres…

La notion du respect des autres varie énormément en fonction de la personne qui l’exerce. Ainsi, en ce qui me concerne, saluer une personne en lui serrant la main fait partie de ma notion du respect de l’interlocuteur; c’est d’ailleurs une attitude commune à notre environnement culturel. Récemment, deux adolescents ont refusé de serrer la main d’une personne sous prétexte qu’il s’agissait d’une femme. Questionnés à ce sujet, ils se sont ingénié à démontrer que leur notion de respect était bien supérieure à celle prônée par la société dans laquelle ils avaient été accueillis, puisque leur respect de la femme allait jusqu’à ne pas toucher une femme hormis la sienne. Négligeons (de toutes façons, il n’est guère possible d’entamer un échange rationnel sur ce thème) le fait que leur père (présent lors de la question) est un imam bien connu pour ses positions radicales, et que ce petit monde « officie » dans une mosquée (?) également sous le collimateur des autorités en place en raison des soupçons de radicalisme entretenus de longue date.

L’attitude des deux petits jeunets (attitude dont ils ne sont pas responsables, probablement, endoctrinés qu’ils sont par une dialectique de premier ordre développée par un hurluberlu qui a de surcroît force parentale) n’est pas défendable, bien évidemment. Ils considèrent qu’il ne faut pas toucher une femme parce qu’elle ne leur appartient pas (il n’y a que la « leur » qu’ils peuvent toucher, ils l’ont dit et redit, donc une femme « appartient » à un homme ; par corollaire, elle n’a d’existence que par le biais de cet homme, qui de son côté peut en posséder plusieurs). Le fait qu’une femme soit un être humain autonome et qui a le droit d’avoir sa propre notion du respect est totalement absent de leur entendement (d’où la notion de harem), pour ne rien dire du fait que ces deux petits font passer leur propre notion de culture avant la culture de la société qui les a accueillis. Tu penses bien que si je vais dans une mosquée chez eux et que je garde mes godasses, je vais me faire rabrouer ; pourtant, dans ma culture, il est n’est pas très convenable de se promener nu-pieds dans un lieu de culte…

Malheureusement, des comportements aussi méprisants à l’égard de la culture de la société qui a accueilli ces hurluberlus font débat, au lieu d’être remis à la place qu’ils méritent : un avertissement, puis renvoi de l’école en cas de récidive. C’est tout à l’honneur des provocateurs qui sont derrière ces comportements, et qui se mettent rarement en avant lors de ces « débats » (le terme débat est inapproprié, car il n’y a généralement aucun débat possible, chacun restant sur sa position au mépris total des interlocuteurs) : ils parviennent à monter en épingle des faits divers qu’ils vont mettre en exergue lors de leur prochaine intervention dans la mosquée dont ils sont les imams pour bien montrer à quel point les Occidentaux dénigrent leurs cultures, et sous-entendre par ce fait même que le djihad est la seule issue. A force de répétitions, et avec l’appui d’une rhétorique bien huilée, cela permet de faire des émules dans une population souvent déstabilisée par des problèmes matériels et existentiels.

Malheureusement, la religion est basée sur le fait que « j’ai raison, et tous les autres ont tort, et ma croyance est immuable » ; ceci rend tout échange difficile voire impossible. Qu’un bouquin datant de plusieurs siècles, maintes fois traduit et recompilé, jamais remis en cause puisse faire autorité sur ce genre de comportement à l’heure actuelle est fascinant d’absurdité. Cela donne effectivement des thèses aussi loufoques que celles des créationnistes, ou des comportements à tendance radicale délétères comme ceux prônés par les extrémistes de l’islam. Les religions (en tous cas le plus grand nombre d’entre elles) n’ont pas encore appris le respect ; peut-être est-ce une notion antinomique de l’idée même de croyance religieuse ? Car la notion de respect inclut aussi tous les adeptes d’une croyance ou d’une opinion pouvant être différente de la nôtre. Que ferait la religion (n’importe laquelle) en présence d’extraterrestres ? Éventuellement dotés de paradigmes fondamentalement différents des nôtres ? Plusieurs auteurs de science-fiction se sont essayés à cet exercice, mais je ne suis pas sûr que l’imagination suffise à anticiper le résultat…

Je pense sincèrement qu’il faut continuer à accueillir les réfugiés en provenance des mondes en guerre ; mais il est également indispensable de parvenir à vivre en bonne harmonie, et des gens comme ces deux fauteurs de trouble ne cadrent pas dans ce contexte : ils font beaucoup de mal à leurs coreligionnaires en polarisant leur attitude conflictuelle sur leur religion, ce qui pousse tout un chacun à faire l’amalgame, et donc de stigmatiser les musulmans qui pour la plupart n’ont rien à voir avec ces stupidités initiées par des fauteurs de troubles lobotomisés.

Swisscom Shop Blues

L’autre jour, j’ai eu besoin d’une nouvelle carte SIM. Parce que celle que j’avais ne rentrait plus dans les nouveaux smartphones, et que l’obsolescence programmée chère à Apple et reprise avec enthousiasme par toute la concurrence avait rendu obsolète mon smartphone. Je me rends donc, sur conseil de Swisscom sur son site (« Si vous avez besoin d’un changement de carte rapidement, allez dans une Swisscom Shop« ). Rapidement… J’avais une heure devant moi, je me suis dit que cela suffirait.

Je rentre donc dans cet espace où il est interdit de s’asseoir, et je suis abordé après 4-5 minutes par une accorte dame à la jupe trop étroite pour être confortable et trop courte pour lui permettre de s’asseoir (mais comme il n’y pas de sièges, ce n’est pas un problème); elle me demande mon nom, ce que je veux, et bidouille un moment sur sa tablette, et finit par me dire que je vais être servi bientôt. Bon; en attendant, je regarde les offres proposées (ce qui est le but de ces shops, bien entendu) et après un quart d’heure, j’ai fini de tout voir ce que je connaissais déjà auparavant d’ailleurs, et je me dis que cela commence à bien faire. J’aimerais bien m’asseoir, et savoir combien de temps cela va encore durer, mais va te faire voir, cette information n’est apparemment pas disponible. Après une demi-heure, trois des personnes que j’avais identifiées comme étant devant moi sont encore en train de discuter avec des vendeurs, et une autre attend comme moi. A ce moment, la dame arrive et me dit, « il y a encore une personne devant vous, et après, c’est à vous ». Malheureusement pour elle, je viens d’estimer le temps que je devais encore patienter, et j’en ai déduit que j’allais rater le rendez-vous fixé un peu plus tard. Je lui dis donc « Merci, mais je crois que je ne vais pas attendre davantage, j’ai d’autres occupations ». Elle me dit sans rire qu’elle est désolée, à quoi je réponds « Pas autant que moi », et je pars.

Le truc totalement débile, c’est qu’un système où l’on prend un jeton ou un ticket à l’entrée est infiniment plus efficace, moins coûteux et beaucoup plus convivial. Bon, c’est vrai que le ticket n’a pas de mini-jupe; mais il vous dit beaucoup plus de choses que la mini-jupe en question, par exemple combien de temps il reste avant d’être enfin servi; ceci permet d’organiser son attente, ou repartir immédiatement si l’on se rend compte que l’on n’a pas le temps d’attendre. Accessoirement, cela économise le salaire de la mini-jupe, et cela  permet d’engager du personnel de service supplémentaire, donc de diminuer le temps d’attente. Mais apparemment, on ne réfléchit pas ainsi chez Swisscom.

Le résultat des courses, c’est que j’ai acheté une carte SIM Nano online que j’ai reçue le lendemain. Conclusion, les Swisscom Shops ne servent à rien. Mais c’est peut-être là le message subliminal que cherche à diffuser Swisscom : nos shops ne servent à rien, venez tous vous servie en ligne, et on pourra économiser nos shops. Mais bon, en ligne j’aurais pu avoir la même carte SIM chez un autre fournisseur, avec un rabais substantiel probablement. Je pense qu’ils devraient se  méfier tout de même; je suis en train de me dire que c’est peut-être Swisscom, et non pas leurs shops, qui ne sert à rien.

Virage à droite

Presque 30% d’une (petite) nation vote pour un parti d’extrême droite; l’un des candidats les mieux élus est un rédacteur en chef bien connu pour ses premières pages aussi fantaisistes que mensongères (n’a-t-il pas qualifié de « grecs de notre pays » les habitants de la région à la plus forte croissance économique ? Pour sortir une affirmation pareille, il faut être soit très incompétent, soit très stupide, soit de très mauvaise foi), et pour une thèse de doctorat assez sulfureuse au sujet de l’extrême-droite, justement.

A part ça, un parti bleu marine qui se profile comme quasi favori dans un pays voisin, et un peu partout des mouvements à tendance extrémiste qui surgissent comme des excréments de chien sur une promenade un après-midi de beau temps.  Je veux bien que l’arrivée de réfugiés du Moyen-Orient tende à exacerber certaines perceptions, mais tout de même : il y a eu d’autres immigrations de masse (rappelons-nous les pays des Balkans, ou encore les Hongrois, ou plutôt rappelons-le à M. Viktor Orbàn avant qu’il ne ruine son pays en fils de fer barbelés…).

Tout porte à croire qu’il y aura deux ministres d’extrême-droite au gouvernement des Nains de jardin très bientôt. Si l’on en croit le passé récent, les ministres de cette tendance politique n’ont pas eu beaucoup de succès. Entre celui (Reblochon) qui était tellement perturbateur que l’Assemblée a dû recourir à des manœuvres politiques pour s’en débarrasser avant qu’il ne cause trop de dommages, celui qui avoue publiquement qu’il est incompétent alors qu’il propose de dépenser des milliards pour un avion dont personne n’est sûr qu’il convienne ou qu’il soit nécessaire, la seule personne réellement compétente qu’a connu ce parti au gouvernement (récemment, bien sûr; il y a eu des gens intelligents avant, mais le parti ne cultivait pas encore l’extrémisme) est celle que ce même parti a publiquement renié. Trop intelligente, pas assez extrémiste, et peut-être pas assez masculine, sans doute… Même que le nain « chanteur libre » fou valaisan a publiquement (et de manière parfaitement scandaleuse et indigne) dénigré cette ministre au bilan pourtant applaudi par pratiquement tous ses adversaires politiques. Quand on n’a plus que la mauvaise foi pour arguments…

Et c’est des gens de cet acabit qui revendiquent un deuxième siège au gouvernement. « Le peuple souverain nous donne la légitimité de nos ambitions », clament-ils. Oui, c’est vrai; c’est même leur seul argument un tant soit peu constructif. C’est d’ailleurs aussi le peuple souverain qui avait élu Hitler. Le peuple allemand a eu beaucoup de temps pour regretter cette élection. Le peuple des Nains de jardin en aura peut-être un peu moins face à ses voisins quand il s’agira de traiter avec eux…

 

Cancer…

Bonne nouvelle ! La viande (et la charcuterie en particulier) s’est invitée au très vaste catalogue des substances cancérogènes ! On avait le tabac, l’alcool, la dope sous toutes ses formes, les NOx que nous distillent Volkswagen et les autres (parce que vous n’êtes sans doute pas de ceux qui croient que VW est le seul à tricher, si ?), l’amiante, les téléphones portables, les nounours de nos poupons qui sont traités avec des substances moyennement recommandables, et tant d’autres que j’oublie ou que je n’ai jamais pensé à cataloguer.

Bon, on supprime la viande et on mange des petites graines, ok ? Mais il y a aussi un truc : Steve Jobs bouffait des petites graines, et il est mort d’un cancer du pancréas. Même que l’acteur censé l’incarner au cinéma a voulu, par acquit de conscience, se nourrir comme son modèle, et il a aussi attrapé un cancer du pancréas. Donc pas de  petites graines non plus. D’autant qu’avec les pesticides, faut aussi se méfier des légumes et des fruits…

  • Mais que bouffer alors, mon cher docteur ?
  • « Ah mais c’est aux organisations responsables de réglementer ».

Puisqu’on parle de causes de cancer : les étrangers sont-ils cancérogènes ? Sûrement, l’UDC suisse (ou le FN français, ou PEGIDA, ou Machin) a un avis éclairé sur la question.

La seule chose que je retiens en l’occurrence, c’est que donner la vie est aussi donner la mort. Naître est une prise de risque totalement inconsidérée, puisqu’on est sûr de passer l’arme à gauche à terme. Faut-il supprimer la vie ?

Accueil

Ce mois d’août 2015, après une jolie promenade au-dessus de Nendaz en Valais, le long de l’ancien bisse de Chervé entre la station supérieure du télésiège de Siviez à Combatseline et le barrage de Cleuson, nous nous demandions où manger un morceau sur une belle terrasse. Pas à Siviez, de toutes façons, un endroit probablement fonctionnel dans son rôle de point de liaison pour le ski dans le domaine des 4 vallées, mais éminemment désagréable à nombre d’autres points de vue. Nous avons décidé de remonter en télécabine au Plan du Fou pour manger une assiette valaisanne.

Arrivés au sommet, la vue est belle, mais la terrasse est exigüe, et plusieurs tables ne sont pas débarrassées. Nous nous asseyons à une table, et comme personne ne vient, je me relève pour entrer dans le bistrot. Pas grand monde à l’intérieur non plus d’ailleurs, mais après quelques minutes, une dame passe devant moi, apparemment fort occupée par de multiples tâches n’ayant rien à voir avec la restauration ou le service à la clientèle. Quand enfin elle daigne jeter un regard sur moi, je me permets audacieusement à lui demander (après les salutations d’usage) si on peut consommer quelque chose : les salutations resteront sans réponse, mais la dame répond sèchement que le service est à table, et se détourne pour vaquer à ses affaires sans doute très importantes.

Je retourne à ma table non débarrassée, et après quelques minutes, la personne en question daigne venir s’enquérir de nos desiderata avec une expression à faire cailler du lait frais. J’ai le temps de lui commander une assiette valaisanne et de l’eau, et elle est déjà en train de partir alors que je n’ai pas fini de parler. La table n’est en revanche toujours pas débarrassée.

L’assiette valaisanne finit par arriver. De bonne qualité, il faut le souligner. Et la table est enfin débarrassée : sinon, il n’y avait pas la place pour poser l’assiette et les verres. Le service en revanche est profondément désagréable : la personne qui nous sert a très visiblement envie d’être n’importe où ailleurs et avec n’importe qui d’autre que des clients. Bon, on avale notre assiette et on redescend à Siviez rapidement, avec la très nette impression d’avoir gêné les responsables du bistrot du Plan du Fou, bien qu’ils aient tout de même présenté la facture…

Malheureusement, cet exemple, bien qu’un peu extrême, n’est de loin pas unique en Valais. Bien sûr, il y a de nombreux endroits où l’on est bien reçu en Suisse et en Valais; mais il y en a beaucoup trop où le client reste la vache à lait qui devrait remercier les indigènes du privilège qu’ils lui font de lui permettre de venir dépenser son fric chez eux. Navrant. Surtout en comparaison de l’accueil chez nos voisins autrichiens ou italiens, entre autres. Le tourisme a des problèmes en Suisse ? Le franc fort n’aide certes pas le tourisme; mais l’absence de sourire et d’accueil digne de ce nom fait certainement encore beaucoup plus de mal que la conjoncture. Personne n’aime être pris pour un imbécile et de surcroît payer pour ça. Et le mal fait à ceux qui se donnent la peine d’accueillir les gens convenablement est énorme. Tout à fait à la mesure du mal fait aux vignerons (parfois valaisans, aussi) par ceux qui vendent du vin frelaté avec des appellations délictueuses. Des humoristes ont rebaptisé les caves de ce triste sire « Château Consternation« . La consternation est malheureusement trop souvent aussi chez le touriste qui doit payer pour se faire cracher dessus.

Tourisme en Suisse

Ces vacances 2015, je les ai passées en Suisse; dans les Alpes (valaisannes et bernoises, pour l’essentiel). J’ai par exemple passé trois excellentes nuits dans un hôtel charmant à Grindelwald. Le restaurant qui accompagne l’hôtel, sans faire de gastronomie, est de très bonne facture, et dispose de la plus belle terrasse de Grindelwald (enfin, à mon avis, et si l’on excepte des restaurants hors de Grindelwald comme First ou Bussalp). Il faisait grand beau, très chaud, la vue était magnifique et nous avons pu faire de superbes promenades.

DSC_1263Bon, alors, où est le problème ? En fait, Grindelwald et l’Oberland Bernois ne font pas mieux que les Valaisans, et les Suisses dans leur grande majorité. On a un paysage unique, donc les touristes doivent nous remercier du fait qu’on leur propose d’en jouir en petit peu. Pour les autres services (à part ceux que l’on peut faire payer très cher sans qu’ils ne coûtent trop à la commune incriminée), marquez dommage : circulez, y’a rien de plus à voir.

Ainsi, la région abrite l’une des descentes à skis les plus réputées du monde : la descente du Lauberhorn. Mais si vous êtes un Chinois ou un Japonais désirant vivre cette descente sur place, vous pourriez vous attendre (même en été) à pouvoir atteindre sans efforts excessifs le départ de cette descente, pour éventuellement faire une photo dans le portillon de départ, ou même effectuer une descente virtuelle équipé de lunettes genre Oculus Rift avec votre héros préféré comme pilote de vos skis virtuels, non ? Ben non. Vous voudriez aller au départ de la descente ? Zut, le télésiège ne fonctionne pas en été. Bon, allons-y à pied; mais c’est vrai que c’est long, que ça monte et qu’il fait chaud… Et là-haut, rien à boire (mais une vue exceptionnelle tout de même, c’est vrai que là, ça ne demande pas d’investissement particulier). Une descente virtuelle ? Le concept n’a probablement pas encore atteint les Alpes Bernoises, ou alors, il y a quelque part quelqu’un qui n’a rien compris.

En bref, la région continue de fonder son offre touristique sur des infrastructures certes pittoresques, mais dépassées. Même en hiver, se rendre au départ de la mythique descente du Lauberhorn est une gageure, à tel point que les coureurs de la Coupe du Monde s’en plaignent régulièrement. D’ailleurs, quand on constate que la gare de Grindelwald est située à une distance très respectable des remontées mécaniques de la région, on se rend compte assez vite que rien n’a été fait pour encourager le skieur à venir skier dans la région, sinon le magnifique panorama qui lui, n’a pas demandé trop d’investissements.

Je critique Grindelwald, mais vous pouvez écrire Anzère, Verbier, Saas Fee ou n’importe quel nom de station en lieu et place : les stations suisses ont pris une bonne génération de retard sur leurs homologues d’Autriche et d’ailleurs… Combien de temps leurs clients japonais ou chinois se satisferont-ils de la seule vue de l’Eiger ou du Cervin pour leurs vacances en Europe ?

 

 

Histoire d’ongles…

Le braconnage de rhinocéros en Afrique prend des proportions de plus en plus dramatiques. Nos enfants n’auront peut-être plus la possibilité de voir de rhinocéros « pour de vrai ». Le Parc Krüger est l’un des endroits les plus touchés, sans doute en raison de sa proximité avec le Mozambique, point de départ du trafic de corne. En effet, la corne de rhinocéros a atteint des cotes supérieures à l’or depuis quelques années déjà. Il s’agit d’un composant de base de plusieurs remèdes de la médecine traditionnelle chinoise; ses vertus supposées seraient de constituer un antipyrétique pour diminuer la fièvre, et aussi (surtout ?) un remède contre l’impuissance sexuelle.

Rhinocéros au parc Krüger (2013)
Rhinocéros au parc Krüger (2013)

Plusieurs solutions au problème de la survie des rhinocéros ont été envisagées; certains préconisent un déplacement des rhinocéros, par exemple au Botswana (vous avez déjà essayé de déplacer un rhino, vous ? Moi non plus, mais je suis raisonnablement convaincu que ce n’est pas gagné d’avance…) où ils seraient plus en sécurité. Mais des remèdes plus originaux ont été proposés…

Ainsi, on a proposé de fournir le marché des cornes de rhinocéros avec des cornes « assaisonnées » à l’aide de vomitifs puissants, en espérant que ceux qui ingèrent le produit seront saisis de spasmes suffisamment désagréables pour les dégoûter. Hélas, le vomitif ne résiste pas longtemps, et de fait ne produit que rarement l’effet souhaité. On a aussi essayé de discréditer la corne de rhinocéros en soulignant que manger de la corne de rhinocéros équivalait à se ronger les ongles : c’est en effet, à la base, exactement la même matière. Rien n’y a fait, le cours de la corne de rhinocéros continue à monter chez les richissimes chinois adeptes de la médecine traditionnelle et désireux de retrouver les érections perdues de leurs vingt ans, si tant est qu’elles ont existé un jour.

Pourtant, l’idée ne paraît pas inintéressante; peut-être est-il possible de l’adapter. On peut imaginer qu’une entreprise mette sur le marché un produit miracle certifié à base de poudre de corne de rhinocéros. On y mettrait 99.999% de poudre d’ongles récupérés chez les manucures (cela valoriserait leurs poubelles), et 0.001% de vraie poudre de corne de rhinocéros. La mort naturelle des rhinos dans les jardins zoologiques devrait suffire à fournir la matière première en l’occurrence. Comment dites-vous ? C’est de la tromperie ? Comme il n’y a à ma connaissance aucune AOC ou AOP sur la corne de rhino, je ne vois pas le problème… D’ailleurs, même avec des appellations de ce genre, certains ne voient pas de problème non plus ! Il est vrai que dans le cas particulier, l’aide de Dieu (ou plutôt de ses sbires les moins recommandables) a pu  conférer la respectabilité nécessaire à cette transaction. Mais je m’égare…

Donc, nous disposons d’une poudre de corne de rhino (enfin, un peu, mais l’homéopathie vend des préparations encore largement plus diluées…) avec laquelle nous pouvons alimenter le marché et casser les prix, et donc rendre le marché inintéressant pour les braconniers. Les rhinos sont sauvés, et les vieux schnoques milliardaires adeptes de ce genre de médecine et accessoirement de parties fines sont contents.

On peut même faire mieux, en ajoutant discrètement à la mixture un peu de poudre de Viagra, le remède devient enfin efficace, et pourrait constituer le nouveau blockbuster d’une entreprise décidée à prendre le risque. C’est pas une bonne idée, ça ?