Le Club de Rome est un groupe de réflexion réunissant des scientifiques, des économistes, des fonctionnaires nationaux et internationaux, ainsi que des industriels de 52 pays, préoccupés des problèmes complexes auxquels doivent faire face toutes les sociétés, tant industrialisées qu’en développement. (Source : Wikipédia).
Réunie pour la première fois en avril 1968, l’organisation acquiert une notoriété mondiale à l’occasion de la publication de Les Limites à la croissance en 1972, aussi connue sous le nom de rapport Meadows, qui constitue la première étude importante mettant en exergue les dangers, pour la Terre et l’humanité, de la croissance économique et démographique que connaît alors le monde. (Source : Wikipédia)
Il est intéressant de relire ce rapport actuellement, alors que de nombreux faits qu’il prédit se sont déjà produits ou sont sur le point de se produire. Le document met en cause l’illusion d’une croissance infinie (démographique et économique) dans l’espace fini que constitue la planète, et les risques que fait courir cette croissance sur la situation environnementale de la planète : pollution, dérèglement climatique, pénurie de ressources, instabilité sociale et politique, etc…. La mise en parallèle de ce rapport avec la réalité actuelle est pour le moins édifiante : le monde a suivi le scénario « business as usual » depuis lors, comme si les ressources de la planète étaient infinies. Pour rappel, le rapport décrit un certain nombre de scénarios, parmi lesquels trois scénarios sont particulièrement mis en avant. Outre le déjà cité « business as usual« , le rapport mentionne également un scénario basé sur une technologie de plus en plus sophistiquée, et un scénario basé sur une croissance zéro, voire une décroissance.
Dans ses conclusions, le rapport mentionne qu’un scénario purement technologique ne fait que retarder l’échéance, que la seule solution réellement durable est une croissance zéro (aussi bien économique que démographique). De surcroît, plus on retarde le moment où l’on arrive à une croissance zéro ou négative, plus on aura besoin de technologies sophistiquées et d’investissements massifs pour éviter une dérive catastrophique de la situation (pénuries, guerres, migrations, catastrophes écologiques, extinctions massives, etc…). Le rapport ne mentionne pas les détails des causes effectives de ces catastrophes; ainsi, l’excès de CO2 induit par la combustion d’hydrocarbures fossiles, la pollution par pesticides ou plastiques ne sont pas citées nommément par le rapport qui se borne à parler de ressources disponibles et de pollution de l’environnement induite par une surconsommation de ces ressources.
Il n’en reste pas moins que la situation qu’il anticipe décrit assez fidèlement la réalité que nous vivons actuellement. Si, grâce à des recherches incessantes, on a pu reculer le moment inéluctable où l’on ne disposera plus d’hydrocarbures fossiles, d’autres ressources commencent à manquer. Parmi elles, l’eau constitue la plus préoccupante, mais d’autres secteurs sont menacés de disette, comme le sable, par exemple. Cette pénurie prévisible n’a cependant pour l’instant pas beaucoup d’influence sur le comportement : la mobilité électrique est actuellement encore basée sur le lithium (pour les batteries de stockage), une denrée pas très rare il est vrai, mais dont les réserves sont limitées à moyen terme. Or, actuellement, le lithium des batteries en fin de vie n’est pas récupéré (bien que cela ne soit pas très compliqué à réaliser), pour des raisons économiques ! Business as usual…
A la lumière des projections énoncées dans le rapport Meadows, il ne semble plus guère possible de douter de l’influence humaine sur la situation environnementale que nous vivons actuellement. Si des scientifiques ont pu décrire avec une remarquable précision les problèmes actuels avec cinquante ans d’avance, c’est que les modèles utilisés sont raisonnablement pertinents et fiables. Il est de ce fait assez surprenant de constater que certaines personnes continuent à mettre en doute l’influence humaine sur le dérèglement climatique. Parmi ces « climatosceptiques » figurent des personnes (comme M. Roger Köppel, par exemple) ayant suivi des études avancées, dont on pourrait attendre une bonne capacité de compréhension de la démarche scientifique. Il y a même quelques spécialistes de phénomènes climatiques, dont quelques prix Nobel. D’autres (comme le président des Etats-Unis d’Amérique) ont largement de quoi s’entourer de conseillers ayant le niveau scientifique et culturel requis, leur nation figurant parmi les plus avancées de la planète; mais ils ne le font pas.
Bien sûr, il n’y a pas que les « climatosceptiques » qui tendent à douter des conclusions scientifiques (surtout lorsque cela sert à leurs intérêts, d’ailleurs). Sans trop parler des géocentristes, des adeptes du modèle de la Terre plate et d’autres hurluberlus du même tonneau, on a pu constater aussi que plusieurs détenteurs de doctorats en biologie (par exemple Denis O. Lamoureux, professeur à l’Université d’Edmonton, Alberta, Canada) étaient adeptes du créationnisme, alors que l’évolutionnisme de Darwin est amplement démontré par des faits scientifiques indiscutables. De hautes études ne sont pas une garantie de compétence, apparemment.
Malheureusement, ces controverses liées à l’incompétence, voire à la stupidité ou la mauvaise foi laissent à penser qu’une action concertée à l’échelle de la planète en faveur d’une croissance zéro n’est pas pour demain. Il est déjà assez difficile d’entamer une action concertée pour le « simple » problème du réchauffement climatique lié à l’excès de CO2 (Ce n’est pas cette charmante et brillante, mais parfois un peu crispante, Greta Thunberg qui me contredira), alors décider d’une décroissance à l’échelle mondiale…
America First, pour ne citer que cet aspect du problème…
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