Beaucoup de gens ont, au cours de leur existence, subi une modification profonde de leurs conditions de vie suite à un évènement imprévu, un accident, une maladie, une rupture sentimentale ou que sais-je encore. Il y a la vie avant et la vie après, deux époques soumises à des conditions parfois très différentes. Tel skieur de haut niveau qui devient tétraplégique suite à un accident… Telle mère heureuse qui voit sa famille détruite suite à un évènement imprévu. Ou encore une maladie qui soudain fait d’un individu en bonne santé et plein de projets d’avenir un plus ou moins condamné réduit à planifier sa fin de vie de la manière la moins désagréable possible pour ses proches.
Un grand marcheur qui ne parvient plus à se déplacer jusqu’aux poubelles; un skieur émérite qui se voit interdire une altitude supérieure à 1000 mètres, un sportif de haut niveau rendu tétraplégique par un accident, un cancer du sein qui évolue de manière maligne…
Une vie se brise, et modifie le cours de nombreuses autres vies de par là-même. Un évènement banal à l’échelle de l’humanité, mais tellement bouleversant pour les individus… D’autant que rien n’a été fait pour faciliter les choses vis-à-vis des proches de la victime. Ces dernières n’ont guère d’autres choix, souvent, que le sacrifice de leur manière habituelle de vivre, ou de quitter la victime au risque d’une culpabilisation durable.
Dans de nombreux cas, il serait pourtant possible d’appliquer des solutions alternatives, en mettant en relation ces victimes avec d’autres victimes d’accidents similaires ou autres (après tout, un malvoyant peut pousser le fauteuil d’un tétraplégique, non ?) sous la supervision de thérapeutes (psychologues, assistants sociaux, etc…). Des structures similaires existent, mais n’insistent guère sur la proximité nécessaire à un contact physique entre les personnes. Or, si le virtuel que nous proposent généreusement Internet et Facebook ont leurs avantages, rien ne remplace la présence effective d’un interlocuteur pour un verre de blanc à l’apéro ou un café-croissants pour commencer la journée.
La difficulté est de mettre en relation les bonnes personnes, et les thérapeutes ont vraisemblablement un rôle important à jouer dans cette mise en relation, ainsi que dans un conseil éclairé sur d’éventuelles thérapies. Le fait que les victimes puissent se prendre ensuite en charge elle-mêmes pourrait permettre d’améliorer leurs conditions de vie ainsi que celles de leurs proches, ainsi que peut-être de soulager légèrement les coûts de la santé. Les moyens nécessaires sont relativement modestes : un site Web par région, plusieurs groupes Facebook, et quelques volontaires parmi les quels des thérapeutes et la participation active d’hôpitaux universitaires et régionaux pour orienter les victimes vers cette offre.
Et l’espoir que cela puisse fonctionner…