Le canton de Neuchâtel s’est offert un cadeau singulier en cette fin d’année : le budget pour 2018 n’a pas été accepté, si bien que le gouvernement se retrouve sans budget pour l’an nouveau. Donc, pas question dans l’immédiat de réalisation de travaux d’importance, limitation des dépenses au strict nécessaire. Inquiétude de ce fait pour les entreprises dépendant des chantiers financés par des fonds publics. Comment le patron de l’entreprise « TravauxPublicsSA » va-t-il bien pouvoir remplacer sa Range-Rover bi-turbo qui a déjà un an d’âge ?
Bon, ne paniquons pas ! Après quelques discussions autour d’un verre, en compagnie des principaux intéressés, on trouvera bien un modus vivendi, un accord provisoire permettant à l’exécutif d’engager les travaux qui vont permettre aux entreprises en question de fonctionner; le remplacement de la Range devra peut-être attendre la fin janvier, et encore…
Cette situation un peu ubuesque représente l’aboutissement très provisoire d’une mauvaise série télévisée que joue l’administration cantonale par le biais des divers élus depuis quelques années. Entre ceux qui ont de l’argent mais ne veulent pas le dépenser, et ceux qui n’ont pas d’argent mais qui le dépensent tout de même, ceux qui sont du Haut et qui veulent jouir d’infrastructures en propre et ceux du Bas qui souhaitent regrouper ces infrastructures sur les rives du Lac, ceux des deux vallées latérales qui se sentent désavantagés relativement aux deux petites villes du canton (et qui n’ont peut-être pas tout à fait tort), et quelques autres acteurs plus ou moins exotiques voire alcoolisés, il est difficile de parvenir à une administration sereine et rationnelle. Alors, à force de vouloir ménager la chèvre et le chou depuis plusieurs années (pendant que monsieur Seguin et le loup dégustent une potée auvergnate et un cabri), les déficits ont atteint des montants pour le moins inquiétants eu égard à la petitesse relative du canton.
Un avantage à l’absence de budget tout de même : on craindra moins, dans l’immédiat en tous cas, des investissements grotesques comme le canton en a le secret; comme la pose de vingt portiques de signalisation sur un secteur d’autoroute de deux kilomètres dans le Val-de-Ruz, par exemple (secteur de Boudevilliers). Les portiques sont si rapprochés qu’en voiture, le premier cache les trois suivants; bon, ce n’est pas grave, je ne les ai personnellement jamais vus activés (mais je suis persuadé que le spectacle doit en valoir la peine). Tout de même, un bidule de ce genre doit bien coûter dans la centaine de milliers d’euros pièce, tout posé et installé; alors, multiplié par vingt, ça fait quand même chérot, surtout pour ne pas être utilisé ensuite… Avec ça, il y a aussi un stade en plein centre ville de Neuchâtel, là où les terrains pourraient rapporter gros. Rien contre le football en ce qui me concerne, mais de là à lui sacrifier les meilleurs terrains de la ville… Et si au moins l’équipe fanion pouvait se la jouer en Ligue des Champions, faire venir le Barça, ManU ou le PSG, ca pourrait être un deal rentable. Mais voilà…
Abrégeons ! On peut tout de même espérer que ce coup de semonce, même s’il est corrigé rapidement par les intérêts « supérieurs » de quelques entreprises actives dans le secteur public, aura pour effet de mieux planifier à l’avenir les investissements. Mais on ne peut qu’espérer; et franchement, avec la perspective de devoir alimenter et rénover DEUX hôpitaux de soins aigus à partir de 2018, l’optimisme en la matière doit être soigneusement mesuré.
Bonne année 2018 !