Je lisais le journal ce matin… que des nouvelles peu encourageantes ! L’Ukraine est le plus grand champ de mines du monde; l’arrivée de Trump au pouvoir va probablement forcer le gouvernement de Volodymyr Zelensky à entériner les annexions de Poutine, conférant au dictateur russe une aura de conquérant victorieux, et fortifiant les différents mouvements pro-russes sévissant dans les pays limitrophes de la Russie, et même en Europe. Ainsi, Poutine pourra annexer la Géorgie et la Moldavie sans que personne ne songe à protester; peut-être même qu’il pourra s’intéresser aux pays baltes, qui sait ?
A part ça, oui, on a un cessez-le feu fragile entre Israël et le Hezbollah au Liban; mais on enregistre un regain d’activités belliqueuses en Syrie, à Alep plus exactement. Bon, si cela peut permettre de renverser le sordide Bachar Al-Assad, pourquoi pas, mais son copain Poutine finira bien par lui envoyer quelques aides pour le tirer de ce mauvais pas. On parle moins de la guerre civile soudanaise (parfois appelée quatrième guerre civile), mais elle n’en est pas moins réelle et meurtrière. Oui mais vous savez c’est en Afrique, alors…
Trump comme président aux Etats-Unis, c’est une énorme incertitude qui plane sur le monde occidental. C’est qu’il est sûr de sa légitimité, et qu’il a a les coudées franches, l’animal. Le Congrès et le Sénat sont républicains, et il a choisi une équipe dirigeante à sa botte. Il va sortir les Etats-Unis de l’accord de Paris, probablement se distancier de l’OTAN, voire peut-être se rapprocher de son ami Poutine qu’il admire tant. Bon, notre estimé ministre Guy Parmelin a bien affirmé qu’il allait négocier un accord avec Trump. mais ce n’est pas forcément une nouvelle rassurante.
Ah là. là… C’était mieux avant.
Bon, pour être franc, « avant » est un terme assez vague; on remonte le temps jusque où ? On ne va pas remonter avant notre naissance, parce que la deuxième Guerre Mondiale, c’était pas si bien que cela. « Avant », cela désigne souvent les Trente Glorieuses, l’époque où l’on pouvait polluer le monde sans arrière-pensées. Et soit dit en passant, on ne s’en est pas privés ! Il y avait bien quelques voix discordantes pour nous dire que la croissance aurait des limites, mais on les a écoutées d’une oreille poliment intéressée.
Il y avait aussi des conflits, « avant ». La Guerre Froide, vous vous souvenez ? Les massacres au Cambodge, la guérilla des Khmers Rouges, Pol Pot… Et puis il y avait déjà quelques soucis avec les Russes, pardon, les Soviétiques. Comme ce fameux épisode des missiles de Cuba entre Khrouchtchev et Kennedy, où le président américain avait fait décoller les bombardiers B-52 avec leurs ogives nucléaires (niveau d’alerte maximal), et que le président soviétique avait in extremis fait démanteler les bases de missiles à Cuba. Puis, il y a eu le « Grand Bond en Avant« , cette initiative pensée par Mao Zedong en Chine, qui s’est soldée au final par un nombre de victimes évalué entre vingt et trente millions (plus que la Deuxième Guerre Mondiale !).
Ce qui est vrai, c’est que nous avons vécu un magnifique effort de la part des démocraties européennes, qui ont cherché à constituer les Etats-Unis d’Europe. Ceci nous a donné soixante ans de paix en Europe, dont nous avons pu profiter pendant toute notre vie, n’en déplaise à des Suisses eurosceptiques plus intéressés à leur portemonnaie qu’à des projets de société. Un projet européen qui a traversé bien des crises, et qui est sur le point de traverser la plus grave avec la montée mondiale d’un conservatisme d’extrême-droite qui considère la démocratie comme une entrave à l’enrichissement personnel. Les Etats-Unis de Donald Trump, mais surtout d’Elon Musk, en sont un exemple navrant.
Etait-ce vraiment mieux avant ? La montée de l’extrême droite, et la dégradation spectaculaire des conditions climatiques dans le monde nous en donnent l’impression; la dégradation de mes propres capacités, en raison de l’âge d’abord, et aussi de quelques problèmes de santé me confortent dans cette impression; mais si je fais abstraction de ma petite personne, je n’en suis plus tout à fait persuadé. Il n’y a pas forcément plus de conflits armés dans le monde qu’avant, la situation au Moyen Orient n’est ni plus ni moins tendue qu’à l’époque de Desert Storm ou de la Guerre des Six Jours. Et pour ce qui est du dérèglement climatique, nous ne le subissions pas à l’époque, mais nous y avons très largement contribué; est-ce préférable ?
Somme toute, j’aurais tendance à dire que ce n’était pas forcément mieux avant; mais j’étais plus jeune et sûrement plus insouciant, et cela, c’est vrai que c’était vachement mieux.