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Sporty New Year !

Bonne année à tous !

Cette année 2022 sera marquée par deux évènements sportifs majeurs : les Jeux Olympiques d’hiver à Pékin (4 au 20 février), et le championnat du monde de football au Qatar (21 novembre au 18 décembre); les sportifs ont de quoi se réjouir !

Personnellement, je ne suis pas vraiment ce que l’on appelle un sportif, même si je pratique et adore le ski, et que j’ai pas mal parcouru la haute montagne en des temps meilleurs. La notion de compétition ou de confrontation liée au sport me passionne en effet modérément. J’aime bien suivre les compétitions de ski, mais le sport-canapé s’arrête à ce niveau pour moi. Ces deux évènements ne sont donc pas faits pour troubler de manière radicale mon emploi du temps pour l’année qui débute. En dépit de mon intérêt tout relatif, il y a tout de même quelques interrogations qui me viennent à l’esprit concernant ces deux manifestations.

Un championnat du monde de football dans un pays ne comptant pas de grande équipe (si l’on ne compte pas le Paris St. Germain) n’est pas forcément très pertinent, mais ce n’est pas interdit non plus; on est en revanche plus intrigué par les multiples « affaires » qui ont secoué les préparatifs de ce championnat du monde (Corruption ayant présidé à l’attribution de la Coupe du Monde, soupçons de maltraitance des ouvriers, perturbation des calendriers des championnats du monde entier, et on en passe).

Il est vrai qu’au vu des sommes engagées dans le football, la corruption paraît difficilement évitable; au seul critère des salaires incriminés, on se prend à rêver ou à cauchemarder : Ainsi, le Paris Saint-Germain, détenu par un groupe du Qatar, affiche-t-il des salaires totalement délirants pour ses joueurs de Ligue 1. Le Brésilien Neymar, selon les sources référencées ci-dessus, toucherait un salaire annuel de près de 50 millions d’euros; le nouveau venu Lionel Messi dépasserait ce chiffre, et Kylian M’Bappé naviguerait dans les mêmes ordres de grandeur. Chaque jour, chacun de ces joueurs reçoit près de deux fois le salaire annuel d’une infirmière française qui travaille dur pour soulager les souffrances de malades et mettre parfois sa vie en danger au contact de pandémies mal maîtrisées. Cela fait tout de même cher le coup de pied dans une baballe… A ce tarif, MM. Blatter et Platini, impliqués à leur corps défendant dans les rumeurs de corruption, font figure de très petits joueurs !

Je critique, je critique… Mais au vu du yacht de M. Abramovich, possesseur du club de football britannique Chelsea FC (et, partant, acteur majeur de la scène footballistique internationale), je suis moi-même, avec mes petits problèmes de chauffage, un très très très petit joueur.

Un de mes amis tentait de relativiser en disant que la carrière d’un footballeur est finalement assez courte, et que les salaires exorbitants seraient ainsi justifiés : tu rigoles ? 15 ans à 50 millions et la retraite à la clé, moi, je signe tout de suite ! Et je connais plusieurs des infirmières citées plus haut qui contresignent. Ces salaires ne sont pas l’apanage de quelques joueurs de très haut niveau : un Xherdan Shaqiri, joueur excellent mais ayant visiblement atteint depuis longtemps tous les objectifs fixés par son ambition gagne tout de même plus de 4 millions d’euros par année.

Mais je m’égare un peu. Beaucoup même, sans doute. Il me semble tout de même que ces sommes délirantes tendent à démontrer que la Coupe du Monde (le « Mundial« ) est avant tout un évènement financier. Le sport n’est pas le moteur essentiel dans cette organisation, c’est l’argent. Et l’argent attire la convoitise, donc la tentative -réussie, apparemment- de corruption. Si les motivations avaient été uniquement sportives, on aurait choisi une autre période de l’année, plus propice, et un autre endroit, où les gens sont plus passionnés par le football.

L’argent n’est selon toute probabilité pas la raison principale (mais elle reste vraisemblablement significative) pour avoir choisi un endroit comme Beijing pour organiser des Jeux Olympiques d’Hiver. Un endroit très sec où les sports d’hiver ne sont guère populaires, les installations (stades de glace, pistes de ski, etc…) inexistantes, moins encore qu’en Corée du Sud où, quelques années plus tôt, se sont tenus des Jeux Olympiques dans la relative indifférence des spectateurs locaux.

Alors, sur quels critères Pékin a-t-il obtenu les Jeux Olympiques d’Hiver ? La Chine avait obtenu en 2008 l’organisation des Jeux Olympiques d’Eté : cela avait été l’occasion de montrer au monde entier que la nation était devenue forte, moderne. Le message sera sans doute différent en 2022. La Chine se veut une grande puissance, la première puissance mondiale, et le message que proposera la cérémonie d’ouverture sera sans doute intéressant à ce point de vue, même si le coronavirus perturbe quelque peu le spectacle. La Chine a usé de toutes ses influences (en particulier auprès des Africains qui ont beaucoup de voix au Comité International Olympique) pour obtenir cette tribune mondiale, et le fait que personne en Chine ne s’intéresse au ski ou au hockey sur glace est totalement secondaire.

Des situations analogues ont déjà été expérimentées par le passé, mais sans doute jamais de manière plus évidente que lors des Jeux Olympiques de 1936 à Berlin, où le IIIème Reich voulait démontrer au monde entier que l’Allemagne s’était relevée de sa défaite de 1918, et qu’elle entendait faire payer aux vainqueurs l’humiliation du Traité de Versailles en 1919.

De manière intéressante, on peut tirer quelques parallèles (parmi d’autres possibles) entre la situation en Allemagne en 1936, et la Chine en 2022. Bien sûr, « Comparaison n’est pas raison » (Raymond Queneau), mais cela donne tout de même des indications qui peuvent se révéler instructives:

  • L’Allemagne de 1936 tolère assez mal la contradiction et la critique; on a ainsi modifié le rôle de la police criminelle (Kriminalpolizei) pour en faire une police politique. De son côté, le Parti Communiste chinois a depuis longtemps réprimé sévèrement la contestation, comme l’avait fait avant lui les empereurs. Ainsi a-t-on pu constater récemment la disparition momentanée de divers personnages (Fan Bingbing, Jack Ma, Peng Shuai pour ne citer que les plus connus et les plus récents), qui revenaient parfois après plusieurs mois d’absence sur le devant de la scène en tenant des propos nettement différents de ce qui avait pu être dit par le passé. Pour la joueuse de tennis Peng Shuai, le gouvernement a dû improviser une conversation de l’intéressée avec le directeur du CIO Thomas Bach pour que ce dernier puisse se dédouaner vis-à-vis de la presse internationale ! Par ailleurs, le gouvernement tente souvent maladroitement de corriger l’histoire en éliminant les souvenirs d’épisodes désagréables comme les incidents de Tian An Men.
  • L’Allemagne de 1936 utilisait déjà les camps de concentration (instaurés dès 1933) pour se débarrasser des personnes ou de groupes indésirables. Apparemment, les autorités chinoises utilisent ce genre de moyens pour contrôler des minorités encombrantes comme les Ouïghours au Xinjiang; certains médias n’hésitent pas à parler de génocide en la matière, un peu à la manière de la solution finale de l’Allemagne nazie dès 1942. Les dénégations assorties de protestations outrées du gouvernement chinois sont décrédibilisées par la censure sévère et omniprésente exercée par ces mêmes autorités.
  • Les visées hégémoniques du gouvernement chinois menacent la paix en Extrême-Orient. L’annexion violente du Tibet (actuellement Xijang) dans les années 1950 peut être mise en regard de l’Anschluss de l’Autriche planifié dès 1935 par le Reich. Les prétentions chinoises sur l’île de Taïwan et la république de Chine font craindre l’escalade en mer de Chine. On peut tracer un parallèle entre le Taïwan actuel et la ville de Dantzig (ou Gdansk) à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale. L’annexion de Dantzig en 1939 avait marqué le début de l’invasion de la Pologne et initié le conflit de 1939-1945.

De Berlin à Pékin. La rime est assez pauvre, mais un peu inquiétante. Souhaitons que le pouvoir en place à Pékin ne fasse pas rimer 2022 avec 1936.

Encore une fois : Bonne année à tous !

Jeux de pieds…

Jeux de mains, jeux de vilains, dit l’adage… Que dire alors des jeux de pieds ?

En cette période de mai-juin 2015, le feuilleton FIFA provisoirement conclu par la démission de son président honni Sepp Blatter aura mobilisé les médias. Tout le monde se félicite du départ (peut-être bientôt suivi de quelque action en justice) de son principal dirigeant ainsi que de l’arrestation de quelques dirigeants véreux. On se félicite que « le ménage ait enfin été fait ». Mais cela correspond-il à la réalité ? Il y a peu, un titre affichait fièrement, « Après les magouilles, place à la magie » pour annoncer la finale de la Champion’s League entre le Barça et la Juventus. Comme si les magouilles, c’était du passé… On parle par exemple de la Juventus, club magouilleur entre tous (matchs truqués) qui a utilisé le dopage sans arrières-pensées à une époque relativement récente… Époque proche de celle où le vertueux actuel dirigeant de l’UEFA, Michel Platini, brandissait triomphalement une coupe sinistrement acquise sur penalty devant les cadavres allongés dans les tribunes du stade du Heysel

Comment dites-vous ? Je ne connais rien au football ? Un bon point pour vous, vous avez absolument raison. Il m’arrive de regarder un match à la télévision, lorsque la paresse me gagne et que je n’ai pas de photos récentes à classer; et Lionel Messi est tout de même plus agréable à regarder que l’épisode 41324 de « Another Crime in the City », mais voilà, ça ne va pas beaucoup plus loin. Et l’identité du vainqueur m’indiffère; ou plutôt, je la connais déjà avant le match : ce sont les dirigeants de l’UEFA, de la FIFA et des organisations associées dans l’évènement.

Que Sepp Blatter, un compatriote (désolé pour moi, je plaide non coupable…), soit véreux, on peut en être raisonnablement certain, même si à l’heure actuelle (13.06.2015) il n’a pas encore été inculpé. Que la FIFA soit minée par la corruption, cela ne fait pas le moindre doute, même si les accusateurs principaux ne sont probablement pas aussi vertueux  et désintéressés qu’ils veulent bien le laisser entendre. Mais laisser entendre que faire le ménage à la FIFA suffira pour rendre sa virginité à la planète football, même le regretté Coluche, voire le non moins regretté Pierre Desproges n’auraient pas osé ce genre de dérision (et je pense que cela ne les aurait absolument pas intéressés, d’ailleurs).

Comment imaginer, alors que l’on avance des sommes qui s’écrivent avec dix chiffres (en euros, je précise) pour un évènement comme un « Mundial » (ah oui, si tu dis « championnat du monde » t’es ringard !), que les gens parviennent à rester honnêtes, à notre époque où la notoriété est devenue un concept mesurable à l’aune d’un compte en banque, et qu’on chiffre la valeur d’un « sportif » au montant du transfert d’un club à un autre ? Surtout quand ce transfert sert surtout à priver un club adversaire de la présence de tel joueur…

Le sport est un merveilleux exutoire pour la jeunesse; mais la définition du mot « sport » est actuellement pervertie. Par la popularité, les médias, la notoriété; toutes notions qui impliquent de l’argent; et l’argent est porteur de convoitise. La convoitise est à la base de la corruption; de fait, la corruption de la FIFA et de l’UEFA ne sont que le reflet de la corruption du football (et pas que du football, mais bon, on va pas non plus s’éterniser, hein ?). « Faire le ménage » de la FIFA ne va rien changer (à part le fait en soi bénéfique qu’un troupeau de vieillards sera mis à la retraite où ils auraient dû aller il y a longtemps). Virer Blatter ? Oui, très bien, mais il est plus que probable qu’on ne virera ainsi que l’extrême pointe d’un iceberg et que le système va perdurer, peut-être un peu plus prudent qu’avant…