Ok, le Breithorn (env. 4100m), c’est de la « gnognotte », c’est un sommet à touristes, c’est la foule, c’est sans gloire… Mais le panorama est magnifique, et il y a au moins deux descentes de toute grande classe qui partent de ce sommet. La première est la descente du Schwarztor, difficile et très alpine avec l’assèchement des glaciers; cette descente n’est pas celle qui nous intéresse ici.
L’autre descente nous mène dans le Val d’Ayas, à 1860 m d’altitude, et propose un dénivelé plus important à la descente, mais avec des problèmes logistiques un peu plus difficiles à résoudre. Les problèmes étant faits pour être résolus, nous vous proposons ici une solution, peut-être pas la meilleure, mais bon… Cette randonnée est faisable en un jour, mais il vaut mieux prendre l’une des premières bennes à Zermatt, ne serait-ce que pour la qualité de la neige.
Situation : Alpes valaisannes, Zermatt, Val d’Ayas, Valtournenche
Difficulté : AD
Dénivelé : 300 m de montée, pour une descente globale de plus de 4000 m, en deux tronçons de 2300 et 1700 m environ. Le ski est un moyen de transport génial ! Il faut le dire et le répéter !
Horaire : 1h 30 de montée le premier jour, pour un itinéraire de 5 heures globalement; 7 à 9 heures globalement le deuxième jour, pas de montée. Le temps est essentiellement fonction de la liaison Ayas-Valtournenche.
Matériel :
Peaux de phoques, couteaux, corde, piolet.
Période favorable :
Février à mai (contrôler les horaires de remontées mécaniques).
Itinéraire de montée :
De Zermatt, gagner le téléphérique du petit Cervin que l’on emprunte jusqu’à la station terminale. Mettre les peaux de phoque et garder les couteaux à proximité, car ils sont très souvent nécessaires.
De la station supérieure de la télécabine du Petit Cervin (3758 m), se diriger par un large mouvement tournant le long de la courbe de niveau vers le pied du Breithorn que l’on escalade d’abord à l’aplomb du sommet, puis progressivement en obliquant vers la gauche au gré de la pente par l’arête ouest. Une plaque de glace sur l’arête sommitale peut requérir l’usage des couteaux, voire des crampons pour atteindre le sommet. Par bonnes conditions, en revanche, il faut parfois faire la queue pour accéder à la plate-forme sommitale, tant les touristes désireux de faire « leur » 4000 sont nombreux…
Du sommet, on descend tout d’abord le long des traces de montée, puis Est-Sud-Est en visant le col du Schwarztor. Il n’est pas nécessaire d’y aller; dés le bivouac Rossi e Volante dépassé (par le Sud), continuer en direction générale Sud-Est, vers le pied du Pollux (arête rocheuse). Le Grande Ghiacciaio présente ici une large vire en direction Sud-Ouest que l’on emprunte alors jusqu’au refuge Guide del Val d’Ayas situé rive gauche de la vire, immédiatement sous un promontoire rocheux.
Il est aussi possible d’atteindre directement le refuge depuis le Breithorn. Depuis le pied de l’arête vers 3800 m d’altitude, obliquer en direction générale Sud vers une falaise en principe invisible depuis le haut, mais qu’il faut laisser à main droite. Le couloir qui se présente n’est pas d’un abord facile, et est coupé de barres de séracs. En bas de ce couloir, on est pratiquement en face du refuge, qui est situé de l’autre côté de la langue glaciaire, sensiblement à la même altitude.
Le refuge est italien, ce qui implique soit l’austérité, soit le confort. La deuxième alternative est ici de mise. Plus confortable que ceci, il y a le palace de Gstaad, mais c’est un peu plus cher. Il convient de se méfier du bar (si, si, il y a un bar avec machine à café, et tout ce qu’il faut) tenu par le gardien lorsqu’il a fini de s’occuper de la cuisine. De pot en pot, on risque de compromettre la course du lendemain! Et encore une grappa, avec un petit génépi, etc…
En fait, il n’est pas absolument indispensable de s’arrêter au refuge, car la course est faisable en un jour. Simplement, les transports aléatoires entre les vallées latérales du Val d’Aoste ainsi que le simple plaisir de passer une soirée dans un endroit agréable en haute montagne justifient amplement le fait de passer deux jours dans cette course. Le refuge est là, il est sympa, quel prétexte supplémentaire vous faut-il ?
Du refuge, descendre tout d’abord en direction du refuge Mezzalama, 300 m plus bas, puis suivre le glacier jusqu’à son extrémité; rejoindre plus ou moins le tracé du chemin d’été que l’on suit le long de plusieurs moraines jusqu’à la forêt qui aboutit à St. Jacques du Val d’Ayas. Il est également possible de rejoindre les pistes de Champoluc, mais cela ne fait pas de véritable différence, sauf si l’on a déjà réservé le moyen de transport.
La principale difficulté de cette randonnée est de relier le val d’Ayas, où l’on vient d’arriver, au Valtournenche ou Breuil-Cervinia qui nous permettra de revenir à notre point de départ. La possibilité la plus simple est d’utiliser le taxi. Certains possèdent des minibus (se renseigner à l’Office du Tourisme de Champoluc, éventuellement avant d’entreprendre la randonnée) qui permettent de mieux répartir les frais. Le transport de Champoluc à Cervinia coûte dans les 200 Euros; on parle aussi beaucoup d’une liaison par téléphérique avec les Cime Bianche, pour relier le domaine de Zermatt-Cervinia avec celui de Champoluc-Gressoney-Alagna…
De Cervinia, on emprunte les remontées mécaniques menant à Plateau Rosa, près du refuge Théodule, au-dessus du col du même nom. De là, on suivra les pistes balisées par Furgg en direction de Zermatt. Tard dans la saison, on pourra emprunter le téléphérique pour descendre à Furi, puis à Zermatt.
La course est également faisable au départ de Cervinia ou de Champoluc. Dans ce cas, il n’est pas nécessaire d’aller jusqu’à Zermatt, mais on peut reprendre le téléphérique du petit Cervin à Trockener Steg près de la cabane Gandegg. On y perd un peu de descente, mais comme c’est de la piste, ce n’est pas trop critique. De fait, pour ceux qui voudraient absolument faire cette course en un jour, le mieux serait de venir relativement tôt à Champoluc ou à St. Jacques dans le val d’Ayas, en ayant réservé préalablement le taxi qui va vous mener en une heure et plus (jusqu’à une heure et demie) à Cervinia pour l’une des premières bennes en direction de Plateau Rosa. De là, on continue jusqu’au petit Cervin, et on retrouve l’itinéraire de Zermatt, mais avec le confort d’une voiture qui vous attend à l’arrivée, et la promesse d’un petit repas de derrière les fagots dans le val d’Aoste !