En France, on a tendance à oublier souvent que le Mont Blanc est aussi italien, et que le versant italien n’est pas moins beau que le versant français. En fait, et au risque de choquer certains, je dirai que ce versant italien est nettement plus sauvage que le versant Nord. Bien sûr, le balcon Nord du Mont Blanc est une promenade royale; mais le balcon Sud est loin d’être en reste ! L’accès en est moins domestiqué, malgré la présence très sensible de la grande station qu’est Courmayeur, pendant de Chamonix à tous points de vue.
La promenade décrite ici est idéale au mois de juillet, quand les fleurs sont à leur apogée; mais je pense qu’en octobre, cela doit valoir le déplacement aussi, avec l’avantage supplémentaire d’une chaleur moins étouffante. En fait, la chaleur est relativement supportable, grâce aux courants d’air provenant du massif auquel on fait face.
Difficulté : P
Altitude, Dénivelé : camping de l’aiguille Noire 1500m, Col Chécrouit 1956m, Point culminant 2400m env.
Horaire : 7 à 8 heures
Matériel : Bons souliers, Pique-nique, à boire.
La promenade est envisageable sans véhicule car le val Vény est desservi par les cars de la vallée d’Aoste, la SAVDA, au départ de Courmayeur. Par ailleurs, il est possible de gagner le col Chécrouit directement depuis Courmayeur en télésiège, si ce dernier est en fonction. En revanche, le retour en autocar depuis Plan Vény peut s’avérer compliqué; auquel cas il reste la possibilité de rentrer à pied (long !) ou en auto-stop.
Gagner Courmayeur au fond du val d’Aoste, et quitter l’autoroute à la sortie Courmayeur / Val Veni. La route est étroite, et serpente un moment; elle arrive bientôt à une petite chapelle au niveau de laquelle il vaut la peine de s’arrêter brièvement pour contempler la formidable cascade de glace constituée par le majestueux glacier de la Brenva… Encore que ce glacier ait lui aussi bien diminué ces dernières années.
Continuer ensuite la route jusqu’à un camping situé au bord de la route à gauche, et parquer son automobile au mieux pour ne pas déranger. Un télésiège part du camping (1540m); il est fermé en été; on peut néanmoins suivre son tracé jusqu’à un chemin bien marqué, horizontal, que l’on traverse; suivre le télésiège jusqu’à un deuxième chemin près d’une construction appelée « Ref. M. Blanc CAI », et emprunter un chemin bien marqué (une piste de ski, en fait) qui monte en direction Sud-Sud-Ouest. Noter qu’il est aussi possible, et même assez intéressant, de parquer sa voiture vers ce refuge, mais les places y sont un peu plus difficiles à trouver. On devra alors emprunter une route montant sur la gauche un peu avant le camping mentionné auparavant.
Suivre ensuite la piste de ski d’abord, puis un chemin confortable jusqu’à arriver au bas d’un second télésiège, qui marque aussi une clairière. Le chemin devenu un sentier grimpe ensuite en petits lacets en partant sur la gauche, au départ du télésiège, à travers la forêt, jusqu’au col Chécrouit (1956m). Un restaurant situé un peu en contrebas marque le col, et montre aussi qu’il eût été possible de gagner le col en télésiège au départ de Courmayeur, mais avec des problèmes logistiques un peu plus difficiles à résoudre (auto-stop ou gymnastique avec les cars de la SAVDA, essentiellement au retour). Du col, le chemin part au Sud-Ouest, d’abord en légère grimpée, puis horizontalement pour gagner d’abord le lac Chécrouit, puis un autre petit lac sur un plateau propice aux pique-nique, puis après une dernière montée amenant au point culminant de la ballade, les bâtiments en ruine de l’Arp Vieille Damon (ou supérieure), littéralement colonisé par les marmottes. Tout au long de ce parcours, on ne se lassera pas d’admirer tantôt les fleurs omniprésentes, tantôt les cascades de glace et de pierres descendant du Mont Blanc : glacier de la Brenva, glacier de Freney et arête du même nom, glacier du Brouillard et Innominata, glacier du Miage qui se termine par l’irréel Jardin du Miage et son lac d’émeraude, véritable jardin bâti sur de la glace… De quoi s’en mettre « plein les yeux ».
Il vaut la peine de remonter encore de quelques mètres en direction de la buvette Combal; et puisque l’on y est, autant gravir encore les quelques mètres supplémentaires en direction du lac du Miage (ou lac Combal). Ce lac glaciaire ressemble par sa configuration au lac de Märjelen au bord du glacier d’Aletsch, et a d’ailleurs suivi le même processus de création, mais il est incomparablement plus beau, avec les mélèzes qui font pendant à la glace. On peut monter par une arête assez raide et caillouteuse pour dominer le lac, et revenir par son déversoir sous les mélèzes. L’arrêt à la buvette Combal s’imposera alors.