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Avalanches

Une nouvelle saison de ski à l’horizon : et déjà on parle du danger d’avalanches. Déjà des victimes, alors qu’il n’y a pratiquement pas de neige. Il y a bien sûr plein d’explications, de la part de spécialistes de haut niveau; mais je crois tout de même que la raison principale est ailleurs. La montagne a longtemps été fréquentée par des randonneurs amoureux de cet environnement si particulier. Lorsqu’ils faisaient une rando à peaux de phoque, le temps leur importait peu. Ils prenaient le temps d’observer la neige, les pentes, l’orientation du soleil; ils cherchaient à savoir d’où avait soufflé le vent lors des jours précédents pour tenter de deviner les corniches et les plaques.

Or, ces observations prennent beaucoup de temps; mais elles me semblent indispensables pour quiconque veut comprendre le milieu dans lequel il évolue. Certes, l’observation est un travail de patience; en effet, il n’est pas possible de se livrer à une observation attentive du milieu et simultanément monter d’Arolla à Bertol en moins de deux heures; lorsque l’on arrive de Genève et que l’on monte en vingt minutes au Mont Fort, on n’est pas forcément motivé pour s’asseoir un moment afin d’examiner les conditions, se renseigner auprès des personnes indigènes, prendre le temps de comprendre les conditions de neige; mais je pense que c’est clairement la seule et unique manière de diminuer les risques liés à la pratique du ski de haute montagne et hors pistes balisées.

Je voudrais applaudir bien fort l’initiative de Dominique Perret, skieur « fou » s’il en est. Il s’engage pour définir un espèce de certificat ou de brevet qui permettrait de témoigner des connaissances indispensables à la pratique raisonnable du ski hors pistes. Une connaissance qui manque trop souvent aux skieurs-alpinistes hyper performants qui avalent des dénivelés impressionnants en moins de temps qu’il n’en faut à vous ou moi pour escalader un escalier, voire aux freeriders hyper-spectaculaires qui sautent des barres de plus de dix mètres au hasard d’un périlleux arrière parfaitement maitrisé.

Un bon freerider est un freerider vieux. Dominique n’est pas encore vraiment vieux; mais c’est probablement  le meilleur de sa génération. C’est un freerider qui a appris il  y a longtemps à observer le terrain, la météo, la neige. Pas besoin de GPS, de DVA, d’airbag, de balises de survie pour cela : juste un peu de temps, de réflexion, et beaucoup d’humilité. Le matos et les accessoires électroniques ne sont pas inutiles; mais cela vient après. Et ces accessoires ne sont en aucun cas un alibi pour prendre un risque supplémentaire.

Je ne souhaite pas me poser en exemple; mais j’ai pratiqué la peau de phoque pendant plus de cinquante ans, et pendant près de trente ans dans des pentes et des environnements exposés. Au début, je n’avais pas de DVA, car cela n’existait pas; cela ne m’a pas empêché de descendre des pentes qu’aujourd’hui encore, malgré un matériel extraordinairement performant, certains hésitent à aborder. Et je suis toujours de ce monde, sans DVA, sans airbag, et sans GPS. Ces bidules ne sont pas inutiles, loin de là; mais ils sont là pour pallier aux erreurs que vous allez inévitablement commettre un jour. Et accessoirement, pour faire gagner de l’argent aux constructeurs de ces divers équipements. Ces accessoires devraient idéalement ne jamais être utilisés; ou alors, c’est qu’on a fait une erreur.

Amis skieurs qui aimez les pentes hors des pistes, apprenez à comprendre le milieu dans lequel vous évoluez. La montagne est si incroyablement belle : pourquoi la gâcher avec un souci de chronomètre ? Pourquoi faire passer une performance forcément anecdotique avant le plaisir combien plus durable de la contemplation? Essayez plutôt de  vous intégrer dans ce milieu complexe et magnifique, et au bout d’un certain temps, vous comprendrez automatiquement les erreurs à ne pas commettre, et comment éviter les risques inutiles. Et vous tirerez encore plus de plaisir de votre expérience dans ce milieu extraordinaire qu’est la montagne.

Bonne trace en 2015 !

 

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ECOPOP

Ecologie et Population : une nouvelle initiative populiste qui délivre le message simple suivant : La planète est polluée par l’homme, s’il y a moins d’humains, il y aura moins de pollution; donc, supprimons (ou au moins diminuons drastiquement) la population. Simple et clair, non ? Sauf que l’initiative préconise de fermer les frontières du pays des nains de jardin, et de distribuer deux -trois cartons de préservatifs et de pilules contraceptives aux sous-humains de l’extérieur pour qu’ils fassent le boulot de leur côté.

Mais on ne préconise pas vraiment de limiter la population de nains de jardin : simplement limiter les autres. Il n’y aura jamais assez de nains de jardin, c’est bien connu… Mais le cynisme de cette proposition va beaucoup plus loin; sous le couvert mensonger de préoccupations écologiques, c’est des motivations isolationnistes et  racistes qui sont prônées par l’initiative. Que les autres arrêtent de procréer, pour faire de la place aux nains de jardin : en substance, c’est ce qui se dégage de ce texte nauséabond. C’est pourtant un fait  que le pays des nains de jardin serait probablement aussi gravement touché, parce qu’une telle initiative obligerait pas mal de gens des couches moins aisées de la population à émigrer sous d’autres cieux : pas de travail en raison d’industries en faillite, donc émigration et donc abaissement de la population, surtout en l’absence d’immigration. Mais ceci, l’initiative se garde bien de le dire : on ne fait tout de même pas ce genre d’initiative en disant le vérité, n’est-ce pas ? On a bien retenu la leçon de Reblochon.

C’est regrettable, parce que la discussion mériterait d’être engagée : quel avenir voulons-nous ? Mais une telle discussion ne peut se faire dans le seul pays des nains de jardin : c’est d’une auto-suffisance insupportable que de simplement l’envisager. Le comble, c’est de proposer de financer des capotes ou des pilules aux pays pauvres; parce que c’est les pauvres qui font plus de gosses qui polluent, on est bien d’accord ? Ils ont pas le fric pour se payer une télé alors ils baisent au lieu de regarder une série débile comme les gens civilisés et écolos que nous sommes, c’est bien ça ? En fait je parle de capotes; mais c’est peut-être des pinces à castrer qu’il faudrait prévoir, non ? Messieurs les écolonazis, votre initiative est trop nauséabonde pour qu’elle puisse susciter un dialogue qui pourtant serait bien nécessaire. L’écologie est complexe, l’objet le plus complexe probablement de notre terre; qu’elle puisse servir de refuge à des idées aussi nauséabondes et immondes n’est qu’une autre facette de cette complexité. Peut-être que pour certains d’entre vous, il y avait un sentiment louable au départ : le résultat est impardonnable, et vos visées sont simplement et définitivement inhumaines.

Il n’est pas impossible que cette initiative passe la rampe, car les nains de jardin sont et restent des nains, malgré l’amour que je porte à mon pays. Ce sera la fin des nains de jardin; le suicide annoncé par l’ineffable Arnaud Montebourg enfin réalisé. J’espère seulement que dans ce cas, vous aurez la dignité d’assumer, ce que Reblochon n’a pas su faire. Mais bon, dans son cas, c’est beaucoup moins grave…

 

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La stupidité

« Contre la stupidité, les dieux eux-mêmes luttent en vain.  » (Friedrich von Schiller, gegen Dummheit kämpfen Götter selbst vergebens, la Pucelle d’Orléans, 1801). Cette phrase célèbre a servi entre autres à l’écrivain Isaac Asimov pour un roman de science-fiction célèbre. L’idée générale a ensuite été reprise par plusieurs auteurs :
La bêtise humaine est la seule chose qui donne une idée de l’infini. (Ernest Renan)

Il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la bêtise humaine… mais pour l’univers, je n’ai pas de certitude absolue.
(Albert Einstein)

Et d’autres encore, d’Alexandre Dumas à Gustave Flaubert qui se sont indignés contre la bêtise. Il ne s’agit donc guère d’une nouveauté; et pourtant, il semble qu’en ce vingt-et-unième siècle, on ait décidé de battre plusieurs records en la matière.

En 1960, François Cavanna et le professeur Choron créaient Hara-Kiri, le journal bête et méchant. En 2014, une horde de sous-êtres ont crée Dabiq, un contenu indiciblement bête et tragiquement méchant diffusé sur Internet. L’un était drôle à pleurer, l’autre triste à pleurer aussi. Les auteurs sont à l’avenant : fins, cultivés et critiques pour les uns, d’une absurde stupidité jointe à une violence gratuite et un non-raisonnement digne d’une huître avariée pour les autres. La stupidité n’a effectivement pas de limites.

A la mesure de la petitesse du pays des nains de jardins, une initiative populaire joliment appelée ECOPOP a été déposée pour limiter la surpopulation dans une optique prétendûment écologique. Selon cette initiative, on ne pourrait plus tolérer une immigration dépassant 16000 personnes chez les nains de jardin. Inutile de dire que cela viderait les hôpitaux de leurs personnel soignant, réduirait à néant les revenus des assurances sociales actuellement financées essentiellement par l’immigration, et anéantirait pas mal d’entreprises alors que d’autres plus aisées auraient les moyens de s’établir ailleurs. Ce qui reste ahurissant. c’est que les sondages voient une proportion (provisoire) de 35% se déclarer favorables à cette hérésie. Ce qui est encore davantage ahurissant, c’est de voir des personnes pas complètement stupides (enfin, on le croyait), défendre ce torchon raciste. Ah oui, parce que le texte prévoit aussi d’encourager les négrillons et les petits jaunes (je suppose que c’est ainsi que les initiants les perçoivent, en tous cas c’est ce qui transparaît de leurs discours) à limiter leur démographie en leur fournissant des préservatifs gratuits. On se croirait revenus à l’époque colonialiste, sauf que nous ne l’avons peut-être jamais quittée; nostalgie… Je suppose que s’ils gagnent, les initiants proposeront de poser eux-même les préservatifs sur les sexes en érection des populations « sous-développées » et incapables de réfréner leurs ardeurs bandantes…

Reblochon a décidé de s’opposer à cette initiative, mais sa base est pour : massivement, même. Comme quoi Reblochon n’a pas l’apanage du discours populiste primitif, et que, une fois réveillés les instincts les moins dignes de l’homme, ils sont recyclables par tous les extrémistes fascisants, même lorsqu’ils se parent d’écologie…

Pour ne pas se laisser trop déborder, Reblochon prépare d’ailleurs une autre initiative : la primauté du droit suisse sur le droit international. Génial. Imaginons que sur le modèle des nains de jardin, d’autres fassent de même : tel pays peut inscrire dans son droit à lui la légitimité de l’assassinat de journalistes étrangers (ou d’étrangers tout court d’ailleurs). Le pire, c’est que Reblochon a de bonnes chances de l’emporter : la stupidité n’a pas de limites, et le nombre d’adeptes de la non-réflexion et du repli sur soi-même ne fait qu’augmenter.

Les exemples ne manquent malheureusement pas; mais je m’arrête; j’ai l’impression d’enfoncer des portes ouvertes, ce qui dénote aussi d’une certaine stupidité…

 

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Chanson pour Christophe

En 1986, Renaud sortait « Mistral Gagnant« , un magnifique album dont j’écoute encore aujourd’hui certains morceaux avec émotion. On se situait après le drame du stade du Heysel, il y avait l’absurde guerre des Malouines, et madame Margaret Thatcher imposait son credo ultra-libéraliste en Grande-Bretagne. Renaud avait inclus dans « Mistral Gagnant » une chanson pleine de haine, irrévérencieuse, dont je n’approuve pas forcément  les postulats, mais qui est par ailleurs magnifique de rythme et pleine d’amour pour les femmes (à part, bien sûr, madame Thatcher…). C’était « Miss Maggie » : un monument de la chanson française, à mon humble avis; un artiste qui exprime sa colère, une certaine indignation avec poésie et mélodie. Et avec irrévérence et -disons-le- injustice parfois. On n’a pas fait mieux depuis. C’est pourquoi je me suis demandé si l’on pouvait adapter ce brûlot de Renaud à d’autres personnes, en particulier dans notre pays de nains de jardin où Reblochon joue un rôle si déterminant (mais pas forcément positif) pour l’avenir du pays  et de sa jeunesse.

J’ai donc essayé timidement de pondre deux couplets sur l’air de « Miss Maggie »; en toute humilité. Je ne suis pas bon parolier; pas même médiocre. Je suis sûr que vous pouvez mieux faire. Merci de me faire parvenir vos couplets, le cas échéant. Et de me pardonner ceux que j’ai eu l’immodestie de commettre.

Mais qui sait ? On arrivera peut-être à faire une chanson ?


 

Vous, politiques de tout poil

Qui polluez l’espace vital

Vous voulez juste être réélus

Même quand votr’âge n’l’permet plus

Je respecte votre travail

Mais beaucoup moins tout l’attirail

D’absurdités dont v’s entourez

Tous vos arguments mensongers

Mais parmi le gros tas de nains

Qui encombrent notre jardin

Y’en a pas trop de délétères

A part peut-être Christophe Blocher


 

Gens de droite, suisses allemands

Gens de gauche, suisses romands,

Ça ne fait guère de différence

C’est tous en gros la même engeance

On est en démocratie

on croit voter pour la patrie.

Y a bien quelques différences,

Mais souvent sans vraies conséquences

Dans ce jeu de majorité

Où perdre c’est comme gagner

Y’en a pas trop d’autoritaires

A part bien sûr Christophe Blocher

 

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Douce France

Jeudi 18 septembre 2014, conférence de presse de rentrée à l’Elysée. Débat contradictoire sur France 2 dans la soirée.

J’aime la France. La diversité des régions, des caractères, des accents, des sensibilités… La beauté des paysages, montagnes, plages, collines, landes, forêts, marécages. Discuter avec un paysan de montagne autour d’une bouteille sur une terrasse dans la région de Sixt, se mêler à une conversation sur le vieux port pour se croire un peu dans un bouquin de Pagnol, traverser Sarlat pour se remémorer La Boétie, s’asseoir près d’un figuier de Barbarie à Sète pour se fredonner une chanson de Brassens, et tant d’autres ambiances que je n’oublie aucunement, mais qu’il devient vite fastidieux de citer.

J’aime mon pays aussi (même si je m’en gausse régulièrement), et ce n’est pas la France, même s’il partage une culture largement commune et des sensibilités proches. Certains de mes compatriotes n’aiment pas les Français. Chauvins, gonflés, méprisants, vulgaires et que sais-je encore… voilà les qualificatifs que j’entends parfois proférer au sujet des Français de la part de personnes par ailleurs pas complètement stupides. Mise à part l’idée que mettre un peuple de plusieurs dizaines de millions d’habitants sous un même qualificatif est en soi une hérésie dont la stupidité n’a d’égal que la confortable simplicité (à l’échelle de l’esprit de l’auteur sans doute), je ne parviens pas à comprendre une telle réaction autrement qu’en l’expliquant par l’ignorance et une réaction excessive à un certain sentiment d’infériorité.

Personnellement, je ne me sens pas inférieur aux Français. Ni supérieur d’ailleurs, dans la mesure où ce genre de notion a un sens dans un contexte aussi général. Il n’est qu’un domaine où je ne comprends pas les Français ; ce domaine fait régulièrement la une des journaux, c’est la gouvernance politique.

Voici plusieurs gouvernements que nous voyons se succéder à l’Elysée, et vu d’ici, du pays des Nains de jardin, j’ai l’impression d’assister à une inexorable dégradation de tout ce qui a fait la richesse et la puissance économique et culturelle de ce magnifique pays. Peu importe la couleur du gouvernement d’ailleurs : gauche, droite, même échec. Et c’est tout à fait à dessein que je ne parle pas de « même combat », car on a réellement l’impression qu’il n’y a plus de combat. Juste l’échec.

Bien sûr, on me reprochera de faire le lit de Marine ; c’est mal me connaître que de me croire capable de souscrire à des idées aussi nauséabondes ; d’ailleurs, nous avons chez nous des nains porteurs d’idées du même acabit, voyez Reblochon… Non, si Marine gagne la prochaine présidentielle, ça ne changera pas grand chose, à part une certaine mise à l’écart du pays par ses voisins, éventuellement jusqu’à ce que le néo-nazisme gagne d’autres pays d’Europe. Et mon pays de nains de jardin n’est pas à l’abri, tant s’en faut !

Mais revenons à notre sujet : les gouvernements majoritaires qui se succèdent sont à l’évidence un échec. Parce que vous croyez que si Nicolas Premier revient, ou que si Marine Première débarque, ou encore si François IV prend le pouvoir, tout va s’arranger ? Les indicateurs ne sont pas favorables, et si Nicolas Premier fait un meilleur score que François III, c’est simplement qu’il a moins la gueule d’un porteur de cerise. Vu de chez les Nains, c’est François-Modème Zéro qui semble avoir les meilleures chances de s’approcher d’une solution au problème de la descente aux Enfers du royaume de France. Le problème, c’est que c’est Zéro, justement. Il a juste aucune chance d’être élu. Encore un peu plus loser que François III, de loin moins « people » que Nicolas Premier, largement moins menteur que Marine Première… que lui reste-t-il en Cinquième République ? Les yeux pour pleurer. Et malheureusement, il semble que c’est aussi ce qui reste aux Français.

Alors quoi, une Sixième République, avec peut-être une représentation proportionnelle ? Je ne sais pas. Je n’ai jamais prétendu vendre des solutions, juste des élucubrations. Mais merde, les frouzes : sortez-vous les pouces du cul ! Et de grâce autrement qu’en vous mettant en grève, car c’est vrai que c’est une arme efficace pour imposer ses vues dans un contexte conflictuel; mais elle rend impopulaire, et pour ce qu’on a pu voir jusqu’ici, elle est inefficace à reconstruire un pays que je vois avec tristesse se dégrader de plus en plus. La prochaine fois que les représentants des partis TEKON, TATORT et JEREZON se mettent autour d’une table, ça serait sans doute intéressant pour plus d’un Français s’ils passaient du temps à réfléchir au lieu de s’engueuler.

Allez, les Frouzes, montrez-nous que la Révolution peut se faire encore. Montrez-nous que l’Europe, c’est pas que l’Allemagne. Et jetez un coup d’œil à la gouvernance des nains de jardin, il y a peut-être des idées à tirer… Mais aussi des erreurs à ne pas commettre…

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Les besoins de Valérie

Valérie a fait un gros caca. Ça ne sent pas vraiment la rose, mais ça soulage ; enfin, on l’espère pour elle. La vengeance, ça sert à ça, mais il est rare que cela guérisse les plaies.

Être roi de France et se prénommer François semble impliquer une vie sentimentale quelque peu mouvementée. Rappelez-vous :

François 1er (1494-1547) a été atteint de la syphilis en 1524 ; malgré l’hygiène parfois douteuse de l’époque, on peut estimer que ce n’est pas sur la lunette des W.C. qu’il avait contracté la maladie. Non, François 1er était plutôt du genre « plusieurs femmes dans chaque château ». (Il disait : « Une cour sans femmes, c’est comme un jardin sans fleurs »). Et il avait beaucoup de châteaux, quand il n’en faisait pas construire de nouveaux. Comme quoi, au lieu de financer les arts et se faire construire une petite résidence secondaire à Chambord où il passa tout de même une quinzaine de jours, il aurait mieux fait de financer les sciences, la biologie en particulier pour inventer la pénicilline trois cents ans avant Pasteur : cela lui aurait fait plus d’usage.

François II (1916-1996) a fait fort lui aussi, puisqu’il a revisité le concept de l’épouse morganatique. Bon, tout le monde était au courant, mais les proches et les journalistes de l’époque avaient encore le respect de l’autorité établie et ne faisaient pas de déballage public. Ce n’est qu’en 1994, peu de temps avant le décès de François II qu’on apprit l’existence de Mazarine, sa fille naturelle.

Ce qui nous ramène à François III. Depuis le début de son règne, on pressent que ce monarque, c’est un peu Gaston Lagaffe, le côté comique en moins, le côté pathétique en plus. Il suffit de le voir présider une cérémonie quelconque sous une pluie battante pour se rendre compte qu’il porte la cerise. Et ce n’est pas parmi ses ministres (parmi lesquels l’ineffable ministre du « Redressement productif », ci-devant démissionnaire, celui-là même qui disait que le seul défaut de Ségolène c’était son compagnon François, justement) qu’il va trouver le soutien nécessaire.

Ceci dit, Valérie aurait pu éviter de frapper un ennemi à terre : ça manque de classe. Quand on est face à un gars qui bat tous les records d’impopularité, à quoi bon en rajouter une couche ? Notez que l’action est peut-être plus subtile qu’il n’y paraît : Valérie est en train de pulvériser les ventes de livres et va se faire un best-seller. Ça va lui faire plein de fric à déclarer aux impôts, et elle contribuera ainsi au redressement financier de la France. Mais bon, même en comptant la TVA, je doute un peu que cela soit suffisant pour remettre les finances de l’État dans le positif…

A la décharge de François III, mentionnons tout de même qu’il a dû succéder à Nicolas Premier (celui qui a réussi à faire croire à certains qu’on pouvait gagner plus en travaillant plus), et qu’il a remplacé au pied levé le putatif Dominique Premier (celui qui recrutait son cheptel chez Dodo la Saumure).  Avec un contexte pareil, tu es forcément marqué à la culotte (si je puis me permettre). Il est quand même étonnant de constater que les monarques français, de quelque bord qu’ils soient, manient avec tant d’aisance la tromperie et le mensonge. Un effet de leurs études quasi incontournables à l’ENA ?

Carlo Collodi avait imaginé un remède souverain contre le mensonge. Pinocchio avait le nez qui s’allongeait à chaque mensonge ; à ce taux-là, les compagnes des monarques français auraient eu meilleur temps, pour embrasser leurs compagnons sur les deux joues, de passer par derrière… ou de passer leur chemin, plus simplement. Et puis, les électeurs auraient rapidement su à quoi s’en tenir (enfin, ceux qui se font encore des illusions sur la politique en général). Cela aurait peut-être pu contribuer à résoudre un certain nombre de problèmes, non ?

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Apple Event

Ça y est ! Apple a présenté l’Apple Watch le 09.09. « One more thing… » et c’était parti pour une nouvelle révolution technologique appelée à marquer le futur durablement (et accessoirement nos porte-monnaie, enfin pour ceux qui vont acheter le bidule ainsi qu’un nouvel iPhone pour être compatible). Pensez : une montre avec un remontoir ! C’est révolutionnaire, jamais vu, d’autant qu’il ne sert pas à remonter ! Elle pourra vous indiquer qu’un message arrive, que votre cœur bat encore (ça peut être utile, après tout, on est parfois si distrait…), probablement que vous ne devriez pas fumer autant (ça fait quand même un peu double emploi avec les textes sur le paquet de clopes), sûrement que vous bouffez trop de graisses, à tous les coups que vous devriez bouger plus, etc…

Bon, quant à moi, si un gadget se permet de me faire la leçon après un bon repas un peu arrosé avec des amis chers, je ne vais pas le garder longtemps à mon bras, mais c’est affaire de goût. D’ailleurs, il va falloir de toutes façons l’ôter du bras parce qu’avec ce qu’il consomme comme énergie, vaut mieux le garder sur son chargeur qu’au bras. Chargeur à induction bien sûr. Si vous portez un implant cardiaque genre pacemaker, méfiez-vous. Mais c’est vrai que si vous avez un implant, votre fréquence cardiaque ne doit pas vous intéresser, donc tant pis pour l’Apple Watch ou la Samsung Gear ou la LG Vatfervoir.

Paraît qu’elle pourra même fonctionner sans smartphone; presque comme une vraie montre quoi. Mais franchement, à ce prix, Swatch fait un peu mieux tout de même…

Question design, c’est comme d’hab. Lé-ché. Apple made, quoi. Apple, comme d’autres avant lui (Bang & Olufsen, par exemple) a compris cette vérité fondamentale: la technique, ca ne rapporte rien, c’est le design qui est important. Il est plus rentable d’investir dans le design quitte à proposer des technologies repiquées par ci par là, que de vouloir innover. Laissons les autres innover, ensuite on les rachète et on dit qu’on écrit l’histoire. Quitte à organiser un méga-show très design pour convaincre un public déjà acquis à ta cause que ce que tu fais est forcément génial. Résultat ? Une capitalisation record : en billets de mille dollars empilés, on arrive à fabriquer une tour de 60 kilomètres de haut avec la capitalisation de Apple Computers. Dubaï et Burj Khalifa (800 mètres de haut) ? Ri-di-cule ! Merci, aimables clients de Apple qui avez contribué à ce merveilleux édifice pour un ou deux millimètres (le prix de votre iPhone et de votre Mac, je pense).

Une question récurrente : qui voudra bien nous proposer des bidules qui font réellement ce qu’on serait en droit de souhaiter ? Des outils, quoi. Une montre toujours à l’heure et qu’il n’est pas besoin de remonter, qu’il ne faut pas recharger ou dont il n’est pas nécessaire de changer la pile. Qui m’indique l’heure qu’il est quand j’atterris à Washington, et pas l’heure qu’il est à Genève d’où je suis parti. Je suis utopiste ? Non. La technologie existe depuis la fin du vingtième siècle (1980, je pense) ; mais on y a très vite renoncé. Probablement trop efficace. Mais Apple nous sortira ça comme une révolution incroyable en 2018, j’en suis sûr, quand ils auront racheté Swatch Group et ses brevets. Mais là, ça leur sera compliqué de prétendre à une révolution, après Microsoft et Nokia ou Google et Motorola-Lenovo… Mais je leur fais confiance.

Il m’arrive de penser à un ordinateur qui s’éveille en 100 millisecondes, qui repart toujours dans l’état où on l’a laissé, qui tient dans une poche de veste, qui… Un vrai ordinateur, pas un xyzPad juste pour faire joli… Mais un ordinateur vraiment utile, on ne le verrait même pas : donc le design devient inutile. Inintéressant pour Apple et son armada de designers. Ainsi que pour les autres fabricants d’ordis…

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Les initiatives de Reblochon

On a vu que Reblochon avait utilisé avec succès un outil à priori à vocation démocratique pour en faire une arme servant ses aspirations personnelles. Mais comment s’y est-il pris ? C’est ce qu’un politologue expert du monde des Nains de jardin (Dwarfland), nous explique ci-dessous, par le biais d’une recette sur la manière de composer une initiative populaire à succès.


 

Point 1 : Ne jamais mentionner explicitement l’objet réel de votre initiative.

Si vous voulez par exemple torpiller les accords passés avec un pays voisin ou une communauté d’États voisins, ne mentionnez surtout pas lesdits États voisins. Trouvez une entité plus floue, une communauté d’États qui n’aie pas une identité propre trop précise. Cherchez parmi les accords que vous désirez mettre à mal un point vraiment sensible, par exemple le droit mutuel de circulation et de travail entre les partenaires, et sur ce point sensible, cherchez tous les arguments réels ou fictifs qui pourraient être ressentis comme négatifs. Dans cette liste, cherchez les deux ou trois arguments qui sont susceptibles de faire peur. Ne choisissez pas des arguments trop pertinents, car vous aurez quelque peine à les manipuler à votre bénéfice (un argument pertinent risque d’être compris par vos électeurs). Prenons la simple méfiance des nains de jardin pour « ceux qui ne sont pas d’ici » :

    • Des gens qui viennent de l’extérieur prennent du travail aux gens d’ici. Moins de gens de l’extérieur = plus de travail pour les gens d’ici. Peu de nains de jardin (il y en a tout de même quelques-uns) sont réellement dans une telle situation, mais on en trouvera bien deux-trois pour témoigner (si possible devant des médias au cours de présentations savamment orchestrées), et les autres nains de jardin s’apitoieront pour ces quelques malheureux.

    • Il y a certainement des faits divers où des gangsters de régions voisines s’introduisent en Suisse pour commettre des délits et repartent ensuite ; ceci n’a rien à voir avec la libre circulation, mais pas mal de gens n’y verront que du feu et feront l’amalgame.

    • On trouvera bien quelques terroristes pour diaboliser les étrangers du dehors…

    • Il y aura sûrement des gens malintentionnés parmi les pouvoirs politiques extérieurs qui voudront du mal aux nains de jardin, par exemple en exigeant des restitutions d’argent pourtant durement gagné grâce aux efforts incessants des banques des nains de jardin.

 

Point 2 : Ne pas parler d’objectifs ou de but(s) à atteindre. Si vous ne l’atteignez pas (ce qui est d’emblée évident lorsqu’on parle politique où il y a autant de vérités que de vaches broutant les prairies du Pôle Nord), on vous le reprochera ; si par mégarde vous l’atteignez, tout le monde trouvera ça normal puisque vous l’aviez annoncé et on ne vous en saura aucun gré.

Soit, mais si vous n’avez aucun objectif à viser, comment orchestrer votre propos, me direz-vous ? Commencez par montrer que la situation actuelle est pire que « dans le temps ». Ça c’est facile, de nombreuses personnes en tomberont d’accord; en particulier tous les gens ayant dépassé la cinquantaine et qui souhaiteraient retrouver leur jeunesse passée. Et comme les nains de jardin ont une moyenne de population âgée… Et il est bien connu que la mémoire est sélective : on se rappelle plutôt les choses agréables (heureusement d’ailleurs).

Ensuite, accusez tous les autres acteurs politiques de la péjoration (probablement fictive, mais ceci n’a aucune importance) qui vous a amené à déposer une initiative populaire. Donc, les gens pensent que vous voulez revenir à une situation « d’avant », et beaucoup vont par nostalgie trouver votre démarche sympathique.


Point 3 : Dans le même ordre d’idées, ne jamais prétendre que vous allez améliorer quoi que ce soit ; utilisez une logique négative : vous allez faire en sorte d’éviter que la situation ne se dégrade trop. Si votre initiative a des effets vraiment délétères, vous pourrez toujours prétendre que ça aurait été bien pire si vous n’aviez pas été là.


Bon, ce n’est pas encore gagné : il faut maintenant que vous disposiez de gros moyens pour inonder Dwarfland de propagande, et ça n’est pas à la portée de tout le monde. Mais Reblochon possède clairement ces moyens et les exploite avec le succès que l’on sait…

Dans les années 1960-1970, un célèbre humoriste (Fernand Raynaud) présentait un sketch hilarant et prémonitoire (qui accessoirement prouve que la xénophobie n’est pas un phénomène récent et que l’on ne s’est guère amélioré avec le temps). Dans une région reculée de France, dans un village, débarquait un « étranger pas d’ici ». On se mit, par méfiance, à médire de cet étranger qui venait ici « manger le pain des Français », tant et si bien que l’on finit par chasser ce sale étranger qui « mangeait le pain des Français ». Ce n’est qu’après son départ que l’on s’apercevait que cet étranger qui « mangeait le pain des Français » était le boulanger… Et que du coup il n’y avait plus de pain au village.

Reblochon avec son initiative sur la libre circulation voulait restreindre le nombre d’étrangers qui prennent le travail des nains de jardin (il ne l’a jamais dit explicitement, en vertu du point 1 ci-dessus). A quand le patient qui décède à l’hôpital parce qu’on a chassé l’infirmière qui prenait le travail des nains de jardin ?

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Dwarfland et Reblochon

Dwarfland est un petit domaine enserré parmi plusieurs voisins généralement plus grands que lui, et il est habité par des nains de jardin, d’où son nom (dwarf = nain). C’est une démocratie dont ses habitants sont très fiers, à juste titre d’ailleurs. Il est conduit par une assemblée de sept nains sages, qui est soumise chaque année à un rituel dit des « chaises musicales », qui permet théoriquement de renouveler le contingent des sept sages. En réalité, en règle générale, les chaises musicales ne servent qu’à confirmer les élus dans leur fonction, et éventuellement à procéder à quelques échanges de responsabilité selon les goûts des protagonistes.

Une délégation de la population permet d’influer sur le déroulement de la cérémonie des chaises musicales; cette assemblée s’entend généralement avant la cérémonie sur le résultat souhaité, et tout le monde se trouve ainsi satisfait selon ses attentes.

Un jour, un nain très intelligent et très puissant (entendez par « puissant » qu’il était immensément riche), nommé Reblochon et qui fabriquait en temps normal des potions, des colles et des enduits décida de participer à la vie politique de Dwarfland et grâce à ses capacités se trouva assez vite en position de briguer un siège lors de la cérémonie des chaises musicales. Reblochon était une personne volontaire, très sûre de la pertinence de ses idées, et peu habituée à ce que l’on puisse le contrarier. Grâce à ses atouts incontestables, il fut choisi à la prochaine vacance de chaise, et siégea désormais avec les six autres sages pour gouverner Dwarfland.

On se rendit bien vite compte que Reblochon ne s’entendait qu’assez médiocrement avec ses collègues. Il restait persuadé que ses compétences étaient supérieures à celles des autres (ce qui n’était pas forcément faux, mais pas forcément vrai non plus), et qu’en conséquence, ses décisions étaient forcément les bonnes et devaient être automatiquement approuvées par ses « collègues ». L’ambiance devint de ce fait détestable dans le collège des sages, et il se fomenta bientôt un groupuscule qui étudia comment on pourrait évincer Reblochon lors de la prochaine séance des chaises musicales.

Le groupuscule réussit son opération : lors de la prochaine séance de chaises musicales, la chaise de Reblochon fut soudainement occupée par une personne inattendue, maintenue en réserve par les adversaires de Reblochon, et ce dernier se trouva évincé de l’assemblée des sages. Le groupuscule se félicita, et beaucoup de milieux de l’élite de Dwarfland crièrent à l’exploit, et fêtèrent la défaite honteuse de Reblochon. On se gaussa copieusement de Reblochon dans les milieux culturels de Dwarfland.

Reblochon avait l’orgueil à la mesure de sa fortune. Il ressentit cette défaite comme une humiliation insupportable qu’il fallait laver à tout prix, et décida de se venger. De qui ? De tous ! Des sept sages pour commencer, mais aussi de tous les milieux qui avaient eu l’outrecuidance de participer si peu que ce soit à son humiliation. Mais comme cela faisait tout de même une bonne partie de la population de Dwarfland, cela équivalait à se venger de Dwarfland tout entier, ses propres supporters compris ! Tant pis : la vengeance serait plus importante que tout.

Le mécanisme démocratique n’était pas vraiment favorable à la prise de contrôle par un individu; mais qu’à cela ne tienne. Reblochon s’attela avec une intelligence entièrement tournée vers son désir de revanche au problème. Il existait en Dwarfland un mécanisme dit de « l’initiative populaire » qui permettait à n’importe qui de demander une modification de la loi pour autant qu’un nombre relativement modeste de nains adhère au projet. Il se saisit de ce mécanisme, et commença, avec l’aide de ses coreligionnaires, de concocter une série d’initiatives souvent farfelues, mais parfois machiavéliques, destinées si elles passaient à rendre la tâche difficile à ses ex-collègues de l’assemblée des sages.

Après quelques échecs, mais aussi quelques victoires mineures, Reblochon et ses acolytes parvinrent à faire passer une initiative limitant l’accès à Dwarfland pour les pays voisins. Une campagne financée avec force moyens parvint à convaincre nombre de nains que les gens en provenance des pays voisins volaient des postes de travail, introduisaient des éléments subversifs et malfaisants, etc… En réalité, les pays voisins moins riches que Dwarfland se contentaient souvent de niveaux de rémunération inférieurs, si bien que la vraie solution eût été de rémunérer équitablement « étrangers » et indigènes.  Ce qui eût eu comme effet de bord favorable de permettre aux femmes naines du Dwarfland d’obtenir également une équité salariale souhaitable. Mais Reblochon parvint à diriger sa campagne de telle manière que beaucoup de citoyens nains soient persuadés que limiter le nombre d’étrangers sur territoire du Dwarfland étaient la solution à nombre de problèmes réels ou imaginaires.

Les pays voisins, qui avaient de longue date autorisé les nains à circuler sur leur territoire considérèrent avec quelque raison qu’il s’agissait d’une attitude arrogante et somme toute injuste, et répliquèrent avec sévérité, en limitant à leur tour l’accès à leurs propres ressources aux nains. Le conseil des sages se trouva soudain submergé de travail pour tenter simplement de résoudre les très nombreux problèmes parfois inattendus que l’application de cette initiative  impliquait. La surcharge de travail empêchait les sages de s’occuper d’autres problèmes au moins aussi importants, et qui concernaient l’avenir de Dwarfland. Reblochon avait atteint un premier objectif : museler le conseil des sages en l’inondant de travail inutile et improductif, et limiter le pouvoir de décision des sept sages. Ce qui lui laissait le champ libre pour de nouvelles initiatives tout aussi saugrenues. Ce fut dans les années qui suivirent un déluge de propositions délirantes, dont la plupart fut rejetée, mais qui eut aussi comme effet de bord d’agacer profondément certaines couches de la population du Dwarfland, et d’inciter certaines minorités à des attitudes radicales, voire xénophobes.

Des incidents, tout d’abord marginaux, puis devenant de plus en plus fréquents, furent constatés. Quand un jour un attentat fut perpétré au nom d’un groupuscule inconnu qui se prétendait élu par des extraterrestres pour nettoyer Dwarfland de ses péchés, Reblochon déposa immédiatement une initiative pour fermer davantage les frontières, requérant de chaque visiteur un visa qu’il devait se procurer à grands frais pour pénétrer dans le territoire dwarfien. Inutile de préciser que les pays voisins ne demeurèrent pas en reste; l’isolement de Dwarfland devint quasi total; le chômage augmenta pour atteindre un dwarfien sur trois, des pans entiers de l’économie comme le tourisme et la finance s’étant effondrés. Reblochon se considérait comme vengé; c’est d’ailleurs à cette époque-là qu’il mourut, à un âge avancé; suffisamment avancé pour lui avoir permis de ruiner Dwarfland pour la satisfaction de sa vengeance personnelle.

Bien sûr, ce n’est qu’un conte : si vous aviez l’envie de tirer un parallèle avec une situation qui pourrait vous sembler analogue quelque part dans le monde, ce ne serait sans doute pas très raisonnable; cela n’existe pas, des gens pareils ! Mais il y a tout de même quelques réflexions à tirer.

La démocratie peut être instrumentalisée par un homme puissant et intelligent, qui sait tirer parti des insatisfactions toujours latentes de certains groupes de personnes, surtout quand cet homme est guidé par un mobile personnel qui fausse son discernement. L’ Allemagne en sait quelque chose, puisque Adolf Hitler (obnubilé par l’affront infligé par les alliés lors du traité de Versailles, fruit de la première guerre mondiale) fut finalement élu démocratiquement le 30 janvier 1933, par des citoyens pas forcément plus mauvais ni plus bêtes que le nain moyen de notre Dwarfland. Un homme puissant est souvent ambitieux, et une humiliation publique peut servir de déclencheur à une monomanie l’incitant à la destruction pour motif de vengeance. Donc prudence ! Mais avec Jean Rostand, je dirais « Tant qu’il y aura des dictatures, je n’aurai pas le cœur à critiquer une démocratie ». Il faut simplement veiller à ce que cette démocratie ne devienne jamais le tremplin à une dictature.

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