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Euro Computer

Je me suis rendu compte récemment que j’utilisais le système d’exploitation Windows depuis pas mal de temps, et j’ai eu la curiosité de répertorier les applications que j’utilisais réellement. Le bilan est étonnant : parmi les applications que j’utilise couramment, il n’y en a que deux qui ne peuvent pas s’exécuter sans le système d’exploitation de Microsoft. L’une de ces applications est un jeu de stratégie d’un âge canonique, l’autre est un logiciel de traitement de photographies au format brut (RAW) édité par la société DXO, PhotoLab.

Toutes les autres applications que j’utilise sont des applications Open Source qui fonctionnent aussi bien, voire parfois mieux que les applications natives de Microsoft, en tous cas pour l’usage que j’en fais. Si l’on prend le traitement de texte, par exemple, hormis les fonctions de publipostage vraiment remarquables de Word, les fonctionnalités que propose un logiciel comme writer de la suite LibreOffice sont comparables et parfois nettement meilleures (comme l’indexation du texte, ou les documents multifichiers). Ceci ne signifie pas qu’un professionnel peut sans autres passer de la suite Office à une suite LibreOffice; mais il est tout à fait possible de réaliser un travail comparable avec une base de logiciels libres dans un contexte de bureautique.

Dans le cadre du traitement d’images, The Gimp est un outil probablement moins connu et plus difficile d’accès que le logiciel incontournable des photographes, Photoshop de la société Adobe, mais là encore, on peut réaliser la très grande majorité des effets proposés par Photoshop avec le logiciel libre The Gimp.

J’ai discuté avec la société qui édite le logiciel qui me maintient sur Windows, la société française DXO. Ils ne peuvent pas -je m’en doutais bien- porter leur logiciel sur un système d’exploitation Open Source comme Linux. Il y a des raisons commerciales qui font qu’il est malaisé de faire payer des licences d’utilisation à des utilisateurs de logiciels libres; or, DXO vit grâce à la vente de licences; leur modèle commercial ne fonctionnerait pas avec une distribution gratuite, bien sûr. Mais ceci est un problème qui peut être résolu en temps utile.

Mais il y a un problème plus complexe à résoudre, c’est le caractère disparate des distributions Linux existant de par le monde, avec des versions de noyaux très diverses, ce qui rend l’écriture d’applications pouvant fonctionner sur toutes les variantes très difficile. Plus grave encore, les pilotes de périphériques ne sont pas forcément portés sur Linux par les fabricants d’appareils, et le portage (quand un tel portage existe) est souvent le fait de bidouilleurs qui publient un bricolage insuffisamment testé et souvent fonctionnellement incomplet, pour ne rien dire de la documentation associée souvent inexistante.

Pourtant, l’Europe tient là une occasion de se rendre largement indépendante des géants de la tech américains, et à relativement peu de frais. Il suffirait de définir une distribution Linux, et un environnement de bureau associé (comme KDE, pour ne citer que celui-ci) et d’en faire une distribution officielle européenne (appelons-la UE/OS): on réunirait une équipe qui se chargerait de mettre en place un service de distribution officiel, qui aurait aussi pour tâche de répertorier, tester et distribuer tous les pilotes de périphériques possibles. Dés lors que la suite logicielle est stable, les éditeurs n’auraient plus de raisons techniques pour ne pas porter leurs applicatifs vers la plate-forme européenne. La gratuité du système d’exploitation pourrait être maintenue : il n’est pas prohibitif, pour un ensemble d’états comme l’Europe, de fournir à ses administrés un service informatique cohérent payé par les impôts de ces administrés, même si cela peut choquer certains partisans de l’ultralibéralisme et du « moins d’Etat » à tout prix.

Il y aurait probablement quelques développements à effectuer pour rendre le système plus convivial, notamment dans l’administration et la mise à jour d’applications; mais c’est là un investissement relativement modeste comparé à la somme payée par les Européens en termes de licences Windows, système d’exploitation généralement préinstallé sur les nouveaux ordinateurs, et qu’il faut payer à nouveau lorsque l’on change de modèle.

Ce système d’exploitation européen pourrait bien entendu coexister avec Windows ou MacOS; des ordinateurs made for Europe pourraient inclure d’emblée et sans surcoût, en plus de UE/OS, un gestionnaire de machine virtuelle autorisant l’exécution de plusieurs systèmes d’exploitation sur la même plate-forme en quasi simultanéité et de manière suffisamment transparente pour ne pas perturber l’utilisateur lambda.

Le prix à payer pour les équipes de maintenance et de développement de ce système serait largement compensé par la réduction progressive du nombre de licences payées aux éditeurs de logiciels américains. Quant aux éditeurs de logiciels qui dépendent des licences vendues pour exister (comme DXO, justement), il y a sûrement un modèle de licence à définir pour que ces sociétés puissent continuer à vendre leurs licences sur UE/OS, même si ce dernier reste Open Source et gratuit.

Les apôtres de l’ultralibéralisme vont bien sûr crier à l’ingérence excessive de l’Etat, arguant que la distribution de logiciels et l’installation d’un système d’exploitation ne saurait être gérée que par des privés. Mais je note toutefois que

  1. Un système d’exploitation est. à l’âge numérique, une ressource de base; la société civile a besoin d’un gouvernement et d’une autorité pour organiser la coexistence et appliquer les règles votées par les citoyens ou leurs représentants. C’est exactement ce que réalise un système d’exploitation dans le monde numérique, Il n’est donc pas dénué de sens de confier cette tâche à une organisation étatique.
  2. Un ordinateur personnel manipule des données sensibles, qui actuellement peuvent être localisées un peu n’importe où dans le monde; protéger les données des utilisateurs est aussi une tâche importante qui ne devrait pas être confiée à n’importe quelle société basée on ne sait où.
  3. La cybercriminalité est en forte hausse, et il est plus que probable que la cyberguerre est d’ores et déjà en cours, même si tout le monde n’en a pas encore pris conscience. Protéger les utilisateurs contre les menaces est une des missions du gouvernement. Le protéger contre les cyber menaces par le biais d’outils sécuritaires installés nativement dans le système d’exploitation est certainement plus efficace et moins coûteux que -un exemple vraiment pris au hasard- acquérir des avions de combat.
  4. L’ultralibéralisme ne constitue pas à mes yeux un modèle exemplaire à suivre absolument. Bill Gates, Tim Cook, Sundar Pichai ont réalisé des fortunes indécentes en vendant -entre autres- des systèmes d’exploitation. Voulons-nous vraiment rendre ce genre d’ individus encore plus riches qu’il ne sont ?
  5. La cyber dépendance de l’Europe est presque totale. Si un jour un gouvernement américain, après une saute d’humeur, décide de taxer lourdement les utilisateurs non américains pour l’utilisation de logiciels vendus par des société américaines, il en a théoriquement le pouvoir. Ce serait peut-être une bonne idée que de réduire cette dépendance numérique.

Qui aurait le courage de prendre la décision de lancer l’initiative de quelque chose comme UE/OS ? Des universités et des groupes d’informaticiens enthousiastes ont essayé, mais faute de professionnalisme et en raison de l’inertie du monde des affaires, ils n’ont pas réussi. La gendarmerie nationale française a déployé – initiative intelligente – GendBuntu sur plus de 70000 postes de travail, montrant que ce n’était pas impossible, mais pas forcément facile non plus. L’Union Européenne -qui à mon humble avis est la seule institution politique habilitée à prendre une telle décision- aurait-t-elle le courage de lancer une telle initiative après les problèmes rencontrés avec l’administration Trump ?

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L’idiot utile

Tout le monde a bien sûr suivi cette parodie de réunion au sommet entre le président de la Russie et le président des Etats-Unis à Anchorage, le 15 août 2025. L’ Américain Trump annonçait un cesser le feu rapide (en l’absence de l’un des deux belligérants !), avec des menaces de sanctions très graves envers le Russe de Poutine si aucun accord dans ce sens n’était trouvé. Résultat des courses, du point de vue de l’observateur lambda que je suis : Pas de cesser le feu, rencontre écourtée (Vladimir Poutine avait peut-être oublié de fermer le gaz chez lui en partant ?) et sans aucun résultat publié, et un discours totalement différent après cette pseudo-rencontre de la part de Donald Trump qui à oublié les sanctions promises, et semble rejeter à nouveau la responsabilité de ce conflit sur l’agressé, en l’occurrence le président ukrainien Volodymir Zelenski, non convié à cette réunion.

Bien sûr, on a pris l’habitude de l’incohérence et des sautes d’humeur de Trump; mais ce genre de volte-face a un goût de déjà vu. Un peu comme s’il suffisait que Poutine hausse le ton pour que Trump modifie son discours pour le rendre plus favorable à l’agresseur russe.

On a assisté ensuite au Trump Show qui a convié Zelensky à Washington – et où les dirigeants européens se sont invités -pour parler de paix pendant que les drones et les missiles continuaient de pleuvoir sur le terrain, en Ukraine. On a même décidé d’une réunion entre Poutine et Zelensky, et peut-être Trump, voire plus si entente pour conclure un accord de paix. Toujours du point de vue de l’observateur lambda que je suis, parler d’accord de paix alors qu’il semble impossible de simplement parler de cesser le feu me paraît quelque peu incohérent. Mais apparemment, c’est ainsi que fonctionne la politique, du moins quand il s’agit de Donald Trump.

Une chose est sûre, c’est que cela permet à Poutine de gagner du temps, et que cela occupe ses adversaires pendant qu’il continue à envoyer des missiles et des drones sur les Ukrainiens. Dans cette configuration, Trump joue le rôle de l’idiot utile. Il fait ce que l’on lui dit de faire comme si c’était de sa propre initiative, alors que toutes ses actions sont en réalité dictées par celui qui tient les fils de la marionnette : le président russe Vladimir Poutine. Le rôle évident de la Russie dans l’élection de 2016, ainsi que les nombreux financements russes ayant évité la banqueroute à Donald Trump contribuent à étayer ces soupçons. Car il est rare, en politique comme ailleurs, que ce genre d’aides soient désintéressées. Il n’est pas impossible qu’en l’état, le président américain doive rendre des comptes à son homologue russe, et que la conférence au sommet d’Anchorage n’ait finalement été qu’une manière spectaculaire pour Poutine pour donner ses directives.

En l’état, je ne pense pas qu’il y aura une réunion Zelensky-Poutine, ni à Genève (dans un pays jugé inamical entouré des armées de l’OTAN) ni à Moscou, d’où il n’est pas du tout sûr que Zelensky ne revienne. Ni à Abu Dhabi ou Istanbul d’ailleurs, car il faudra auparavant discuter des modalités, des objectifs et des conditions de part et d’autres, et cela prendra beaucoup de temps. Comme aucun cesser le feu n’est envisagé pour le moment, on pourra continuer pendant tout ce temps à joyeusement massacrer des civils et faire tuer des soldats pour la plus grande gloire de la Sainte Russie. En temps utile, on prétendra que les pourparlers n’avancent pas en raison de la rigidité des positions de l’autre, et on reviendra à la case de départ, où l’idiot utile de Washington pourra de nouveau être mis à contribution.

Mais Donald Trump, de son côté, dispose aussi de quelques idiots utiles : je ne vais pas me livrer ici à une énumération fastidieuse, mais ces derniers temps, on a assisté à une prestation assez déplorable de la diplomatie suisse vis-à-vis des Etats-Unis. De facto, la Suisse est devenue l’idiot utile des Américains. Le fait qu’elle ne soit pas tout à fait la seule ne constitue pas une consolation; le Liechtenstein (incidemment partenaire de l’Espace Economique Européen) ne subit pas la même punition que la Suisse, et pourtant il n’a même pas acheté – à prix fixe – des avions de combat F 35 aux Etats-Unis.

Mais peut-être que je me trompe; Donald Trump considère sûrement la Suisse (comme beaucoup d’autres d’ailleurs) comme un idiot; mais « utile » ? Probablement pas.

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La guerre ? Pas chez nous.

Imaginons un instant le scénario suivant : Une équipe de gens masqués, lourdement armés attaque un hôpital et met hors service tous les équipements sans que personne ne réagisse. Il s’en va ensuite, en laissant l’hôpital dans l’impossibilité de fonctionner, sans que personne (police, autorités, armée) ne daigne intervenir, voire même se déranger pour essayer de réparer les dégâts.

Que penser des autorités du pays où se déroulerait une telle action ?

Je pense que les qualificatifs les moins virulents qui viennent à l’esprit seraient « Incompétence », voire « Impuissance », ce qui implique l’imprévoyance.

Et pourtant, ce genre de scénario se répète plusieurs fois par mois en Suisse et dans nos pays voisins, dans des PME, des entreprises de services, ou dans des services publics comme les hôpitaux, justement Il s’agit d’attaques dites de « ransomware » ou de « rançongiciels » menées par des groupes spécialisés dans les cyberattaques. Ces attaques mettent souvent hors service l’intégralité des infrastructures de réseau et informatiques d’une entreprise, et même un redémarrage à partir de sauvegardes parfaitement coordonnées coûte souvent aussi cher à l’entreprise que le paiement de la rançon exigée. Une PME ou un service victime d’une telle attaque n’a souvent aucun interlocuteur valable vers lequel se tourner pour obtenir de l’aide, la police se déclarant incompétente, et les autorités fédérales se contentant de prendre acte de cette attaque informatique, faute de moyens de riposte ou même d’investigations. Il y a bien un office fédéral pour la cybersécurité, mais selon l’expérience de plusieurs PME ayant été victimes de ce genre d’attaques, cet office ne propose aucune assistance aux victimes, et n’a aucun moyen de poursuivre les agresseurs pour les réduire à l’impuissance ou les traîner devant la justice.

Ces agresseurs sont fortement soupçonnés d’être encouragés dans leurs actions par certaines puissances étrangères qui voient les démocraties occidentales comme un sérieux inconvénient à leur soif de pouvoir et d’hégémonie. D’aucuns n’hésitent pas à dire que l’Occident est d’ores et déjà en guerre, mais que les gouvernements n’en ont pas encore pris pleinement conscience. La cyberguerre est une réalité, et elle ne s’arrête pas aux attaques par rançongiciel, mais inclut la désinformation par le biais des réseaux sociaux et du mensonge tellement répété qu’il en devient une réalité, même pour les systèmes d’entraînement des intelligences artificielles.

L’Occident est d’ores et déjà en guerre; mais la plupart des habitants n’en a pas encore pris conscience. Des milliers d’attaques informatiques, menées par des hackers résidant en Russie, en Corée du Nord ou d’autres pays aux visées similaires affaiblissent nos industries, menacent nos infrastructures et sapent nos capacités de fonctionnement et de développement sans que nos autorités n’investissent particulièrement dans le secteur de la sécurité informatique, sinon en fondant de vagues départements au nom pompeux mais qui ne disposent d’aucun pouvoir et d’aucun moyen réel d’intervention. Mieux, nos systèmes informatiques que nous utilisons tous les jours sont tous d’origines américaines, et la mise à jour -voire parfois le fonctionnement – de ces systèmes dépend grandement du bon vouloir d’un gouvernement qui ne s’embarasse guère des promesses données ou des contrats signés. Que se passerait-il si l’accès au cloud de Microsoft ou Apple venait soudain à être bloqué ? Ou si le démarrage de Windows – après une Nième mise à jour du système d’exploitation – n’était soudain plus possible ?

Plutôt que d’acquérir des drones qui ne fonctionnent qu’en été ou des chasseurs F 35 dont le prix est incertain et le fonctionnement lié au bon vouloir du War Cloud américain (programme JWCC), ne devrait-on pas se préoccuper davantage et de manière plus urgente de notre indépendance et notre sécurité numériques ?

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Un monde de cafards…

Au cours de mon existence, j’ai souvent eu affaire à des insectes que l’on qualifie de nuisibles. Cafards, blattes, asticots; bien sûr ils ne sont pas vraiment nuisibles, car ils remplissent un rôle dans la diversité écologique. Les asticots, par exemple, permettent d’accélérer le processus de décomposition d’un animal et de recycler efficacement les protéines d’un cadavre. A défaut d’être ragoûtant, le mécanisme a le mérite de fonctionner. La blatte de jardin participe à ce mécanisme : elle se nourrit de cadavres et contribue de ce fait aussi à assainir notre environnement.

Il est plus compliqué de justifier l’existence des cafards (ou blattes) domestiques. Attirées par la nourriture ou les déchets ménagers, ce sont de véritables parasites qui peuvent poser de sérieux problèmes dans un habitat, même si celui-ci demeure d’une propreté tout à fait correcte. Je me souviens avoir eu affaire aux blattes lorsque je travaillais en Afrique du Nord : toutes les maisons étaient infestées de cafards; même les baignoires des meilleurs hôtels devaient être soigneusement examinées et rincées avant toute utilisation. La nuit, allumer la lumière de la lampe de chevet avait pour effet de provoquer un léger bruissement de milliers de petites pattes fuyant la lumière… Ce sont ces expériences qui permettent de relativiser l’inconfort relatif de certaines cabanes de montagne.

Il me semble aujourd’hui que les cafards, ou blattes domestiques, probablement inutiles à l’écologie, loin d’être éradiqués, ont pris l’ascendant sur le monde prétendûment civilisé des humains. Nous sommes, me semble-t-il gouvernés par des cafards. Que l’on en juge plutôt :

  • Il y a le cafard de Washington, qui se repaît de dollars, surtout des dollars des nécessiteux d’ailleurs. Après avoir coupé à la tronçonneuse dans les budgets de l’USAID et du Programme Alimentaire Mondial, en mettant en danger de millions de vies humaines dans le monde, il veut taxer les médicaments de 200% à l’entrée aux Etats-Unis, mettant ainsi en danger des milliers de personnes dans son propre pays, dépendantes de médicaments venant de l’étranger, et ne pouvant plus se payer des produits pourtant indispensables à leur propre survie.
  • Il y a le cafard de Moscou, qui se repaît de cadavres, de préférence ukrainiens et russes. Pour agrémenter ses repas, ce sinistre cafard a eu l’idée d’entraîner ses pilotes de drones sur des civils, à Kherson, surtout des vieillards et des enfants, ça court moins vite. C’est comme un jeu vidéo avec différents niveaux de difficulté : les vieillards, c’est le niveau le plus facile, alors que les militaires, c’est plus difficile.
  • Il y a le cafard d’Israël, assez similaire à celui de Moscou, mais proche de celui de Washington; ce dernier l’aide efficacement au besoin. Il aime bien l’odeur des cadavres aussi, et si ces derniers sont civils, il ne s’en formalise pas outre mesure. Il est en lutte aussi avec les cafards islamiques, dont certains financent de célèbres équipes de football en Europe et ailleurs : il paraît que cela fait bien dans le paysage..
  • Et que dire du cafard chinois, qui n’en dit guère, mais attend patiemment que les autres cafards s’entre-déchirent pour profiter du charnier résultant ?
  • Et comment qualifier les divers cafards européens qui profitent des financements de l’Union Européenne, mais qui fricotent ouvertement avec le cafard de Moscou ?

On pourrait citer d’autres exemples; malheureusement, nous semblons désormais gouvernés par des cafards. Mais ce qui est désespérant, c’est que certains de nos dirigeants occidentaux que l’on croyait pourtant loin de la nécrophagie propre aux cafards, n’hésitent pas à s’agenouiller face à ces horribles insectes nuisibles pour obtenir des concessions qui, à supposer qu’elles soient accordées, pourront être invalidées immédiatement si tel est le bon plaisir du cafard. Il y a même des exemples patents dans l’enceinte du gouvernement helvétique. Sans avoir cherché trop précisément dans le bâtiment du Palais Fédéral, je peux affirmer qu’il contient aussi des cafards, et non des moindres.

Nous sommes environnés et bientôt envahis d’insectes nauséabonds et nuisibles; je me demande s’il est encore temps de réagir.

Comment en est-on arrivé là ?

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Pour un sourire…

Je boirai du lait quand les vaches brouteront du raisin.
(Henri de Toulouse-Lautrec)

Je n’ai jamais abusé de l’apéro. Il a toujours été consentant.
(Père Turbé, curé à Juliénas, Rhône)

On ne prête qu’aux riches, et on a bien raison, parce que les autres remboursent difficilement.
(Tristan Bernard)

Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs et rigoureux de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l’ouvrir.
(Pierre Dac)

Quand on ne travaillera plus les lendemains des jours de repos, la fatigue sera vaincue.
(Alphonse Allais)

Ceux qui aiment marcher en rangs sur une musique : ce ne peut être que par erreur qu’ils ont reçu un cerveau, une moelle épinière leur suffirait amplement.
(Albert Einstein)

L’alcool est dangereux, c’est un ennemi; mais les gens courageux n’hésitent jamais à affronter l’ennemi.
(Père Nissieux, prieur à Saint-Emilion (Gironde))

Pourquoi ces quelques citations à priori absconses ?

Le primate de Washington Donald Trump est en train de démanteler tous les acquis démocratiques aux Etats-Unis, et détruire tout l’Etat social mis en place depuis Franklin Delano Roosevelt en 1938 avec le New Deal; Poutine agresse des Etats souverains et assassine des populations; Benyamin Netanyahou est en train de raser Gaza, Israël et l’Iran échangent des missiles en guise de cadeaux empoisonnés; des conflits oubliés (Somalie, Soudan) font des milliers de morts dans le monde; des catastrophes naturelles magnifiées par le réchuaffement climatique dévastent des régions autrefois florissantes (Lötschental, par exemple): la forêt canadienne brûle…

Pas beaucoup d’occasions de rire en ces périodes troublées…


Si l’une ou l’autre de ces citations a pu vous faire esquisser un sourire, alors cela en valait la peine.

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Le théorème de la mésange

C’était un de ces dimanches pluvieux où l’on peine à s’extraire du lit, et où l’on écoute distraitement la radio en attendant de prendre le courage de faire les quelques pas qui nous séparent de la douche. L’émission diffusée concernait le jardinage, et un professionnel répondait patiemment à une auditrice qui cherchait à se débarrasser d’insectes nuisibles (ou considérés comme tels) dans son carré de jardin. Sa question portait sur les produits pesticides à utiliser; mais la réponse du professionnel ne fut pas celle qu’elle attendait, car celui-ci lui conseilla de placer un nichoir à mésanges dans un coin de son jardin.

J’ai depuis repensé à cette réponse, et elle me semble très judicieuse. En effet, un couple de mésanges détruit jusqu’à 500 chenilles ou larves d’insectes par jour en période de reproduction, environ 300 en période normale. Tout ceci sans polluer le sol, gratuitement, et en respectant les insectes « utiles » comme les abeilles et autres pollinisateurs. On peut donc légitimement se poser la question : pourquoi utiliser encore des pesticides ?

Il est vrai que la mésange a aussi quelques exigences. Elle n’aime pas trop se déplacer en terrain découvert, car elle a des prédateurs, comme l’autour des palombes par exemple, qui n’en feraient qu’une bouchée. Et puis, il y a la fatigue qu’engendreraient des va-et-vient trop longs pour nourrir les oisillons. Elle tend donc à restreindre son terrain de chasse à un espace grossièrement circulaire autour de son nichoir. Elle aime aussi à ce que son nichoir soit situé dans un bocage, ou un fourré, à l’abri du soleil ou des grosses intempéries; et bien sûr, qu’il soit difficile d’accès aux chats, fouines ou autres prédateurs. Mais hormis ces conditions somme toutes assez compréhensibles, elle s’avère être un redoutable régulateur de la population d’insectes dans le périmètre qu’elle couvre autour de son nichoir. Ceci m’a amené, au cours d’une réflexion oisive, à formuler l’énoncé du théorème de la mésange, Tout espace circulaire d’un rayon R donné situé autour d’un nichoir de mésanges est protégé des insectes nuisibles et ne nécessite donc pas d’ajout de pesticides. Selon ce théorème, il suffirait donc de placer des nichoirs à mésange de manière judicieuse pour protéger efficacement et gratuitement un champ de dimension arbitraire. Corollairement, un endroit situé en dehors de ces espaces protégés nécessiterait l’emploi de pesticides.

Sur le croquis ci-dessus, on a représenté en jaune un champ et trois nichoirs à mésange disposés arbitrairement sur les abords du champ; les zones orange représentent les zones protégées par la mésange et les zones vertes des zones de bocages, haies ou taillis donnant la protection nécessaire aux nichoirs. Si r est le rayon d’action de la mésange, alors un calcul simple nous indique que le champ ne doit pas avoir une largeur de plus de 1.5*r, et il faut disposer les nichoirs alternativement de chaque côté du champ à une distance d approximative de 0.7*r. Ainsi, selon le théorème de la mésange, le champ est protégé des insectes indésirables, sans utilisation de pesticides.

Mais dans la réalité, beaucoup d’agriculteurs ont privilégié la vision de l’industrie agro mécanique, qui propose des machines de plus en plus volumineuses, qui s’accommodent mal de champs aux dimensions restreintes : les haies ne sont pas souhaitables, et il faut donc, selon le corollaire du théorème de la mésange, protéger les récoltes par des moyens phytosanitaires, des pesticides. L’usage de pesticides éliminera les insectes, mais éloignera aussi les mésanges, puisqu’elles ne trouvent plus de nourriture, ce qui ne constitue pas un cercle vertueux. De plus, ces machines et ces produits coûtent beaucoup d’argent, et nombre d’agriculteurs se retrouvent endettés jusqu’au cou, voire jusqu’au désespoir.

Comment dites-vous ? Je n’y connais rien ? Vous avez mille fois raison, je ne suis ni agriculteur, ni ingénieur agronome, ni lié de quelque façon que ce soit à la chaîne de production alimentaire, si ce n’est à sa toute dernière extrémité, en tant que consommateur. Mais ces paysages de champs à perte de vue, dénués de toute biodiversité, me chagrinent, et je regrette les champs peuplés d’oiseaux, de mulots et de tous ces petits animaux qui contribuent à la vie des champs et des cultures, et qui souvent trouvent refuge dans les haies et les bocages en bordure des cultures. Car bien entendu, il n’y a pas que les mésanges pour participer à la vie saine d’un champ. Mais vous avez raison : globalement, je suis un ignare en la matière.

Reste le théorème de la mésange auquel il manque une démonstration scientifique, rigoureuse, et dont l’énoncé pourrait être amélioré. Mais tel quel, il me suffit pour croire qu’il y a peut-être quelque chose à repenser dans l’exploitation agricole du terrain.

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Le temps des cerises

Il y a aux Monts un grand cerisier, d’une envergure remarquable, qui nous réjouit chaque année, à l’approche du printemps, par une floraison exceptionnellement riche. Il s’agit d’un cerisier sauvage, qui donne donc de petites cerises noires très goûteuses, mais trop petites pour une consommation autre qu’anecdotique.

En revanche, j’ai souvent exploité ces cerises pour confectionner du kirsch; à une époque, je parvenais à remplir facilement deux tonneaux de soixante litres, et il restait encore plein de cerises pour les oiseaux et autres animaux amateurs de la forêt.

Depuis quelques années, si la floraison reste exceptionnelle, les fruits se font de plus en plus rares. J’ai dans un premier temps pensé que l’arbre devenait âgé, mais il n’a après tout que 70 ou 80 ans d’âge : je le sais, puisque j’ai moi-même transplanté cet arbre du sous-bois à son emplacement actuel lorsque j’avais quelques 5 ou 6 ans. Mais cette explication n’est probablement pas la bonne, car j’ai pu observer le même effet sur des cerisiers sauvages bien plus jeunes; alors pourquoi cette relativement soudaine baisse de productivité ?

Il y a quelques années, une vingtaine ou une trentaine peut-être, pendant la floraison, on entendait le bourdonnement des abeilles et autres insectes pollinisateurs lors de la floraison de cet arbre; cette floraison avait alors lieu fin avril à début mai. Aujourd’hui, cette floraison a lieu, grâce aux changements climatiques dès fin mars à début avril, soit environ trois semaines plus tôt. Mais les insectes pollinisateurs n’ont pas su réagir aussi rapidement : on n’entend aucun bourdonnement lorsque l’on se promène sous ces arbres couverts de fleurs. C’est probablement à ce niveau qu’il faut chercher la raison de l’infécondité de ces cerisiers : il n’y a personne pour jouer le rôle du pollinisateur lorsqu’ils sont en pleine floraison, sinon le vent et quelques rares bourdons isolés. Les insectes – du moins ceux qui ont survécu aux pesticides et au varroa – s’activent plus tard, alors que les cerisiers ont terminé leur floraison, et ils vont devoir chercher d’autres sources de nourriture, éventuellement moins généreuses, pour récolter leur nectar.

Bon, c’est vrai que ces constatations sont un peu anecdotiques; après tout, si je veux des cerises, je n’ai qu’à aller en acheter au marché ou dans la supérette la plus proche. Mais ce changement climatique affecte aussi les insectes pollinisateurs, déjà affaiblis par l’activité humaine, et désormais privés d’une importante source de nourriture. Vous connaissez sans doute cette phrase célèbre : «Si l’abeille venait à disparaître, l’espèce humaine n’aurait que quatre années à vivre». On l’attribue à tort à Albert Einstein, et elle est tout à fait excessive; mais elle contient un message pertinent. Nous avons besoin des autres espèces pour survivre; l’homme n’est rien sans la biodiversité.

A l’heure où les Grands de ce monde, les Puissants de l’Humanité, occupés à se faire la guerre, militaire ou économique, méprisent de plus en plus ouvertement les mesures écologiques et le respect de la biodiversité, au moment où de plus en plus de personnes renoncent par lassitude ou simple paresse aux efforts en vue de préserver l’environnement, je ne peux m’empêcher de songer à mon cerisier. Quand reviendra-t-il, le temps des cerises ?

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A tort ou à raison

Peut-on justifier, ou expliquer, l’attaque russe de l’Ukraine ? Un ami m’a transmis ce point de vue de Paul-Henri Arni, paru dans « Le Matin », que vous pouvez aussi consulter sur ce lien : https://www.lematin.ch/story/vu-par-ukraine-russie-freres-ennemis-103301069

Paul-Henri Arni est historien, lauréat de «La Course autour du Monde» des TV francophones, ancien délégué du CICR et diplomate des Nations-Unies. Pour abréger, il expose dans son propos les erreurs qu’ont pu commettre les occidentaux dans leurs relations avec la Russie, en mettant en évidence la proximité toujours plus grande de pays membres de l’OTAN, alors que la Russie aurait voulu, dès Minsk II, et probablement même bien avant, ramener les « limites » de l’OTAN à ce qu’êlles étaient au temps de l’URSS et du pacte de Varsovie.

Je ne suis pas un expert de la politique russe, et n’entend pas le devenir; mais j’ai déjà pu lire ce genre de discours chez d’autres journalistes ou experts; ce discours – dont la thématique est souvent reprise dans les arguments de Serguei Lavrov – tend à justifier en partie l’agression de l’Ukraine par Poutine du fait de l’expansion de l’Union Européenne, et corollairement de son rapprochement des frontières de la Russie, avec l’implantation de l’OTAN dans des zones de plus en plus proches des frontières de la Russie. La Russie aurait donc été encouragée à agresser l’Ukraine pour qu’elle n’entre pas dans le giron de l’OTAN. Bon, je veux bien… Mais lorsque Poutine a unilatéralement annexé la Crimée (partie de l’Ukraine depuis Krouchtchev), il ne me semble pas qu’il était question d’OTAN. Pas plus lors de son agression de la Géorgie en 2008, alors que la Géorgie n’a pas de frontière commune avec l’OTAN ou l’UE. D’ailleurs certaines institutions en ont indirectement félicité le dirigeant russe en lui attribuant des évènements sportifs à visibilité internationale, Admettons toutefois que Gianni Infantino a fait pire – ou en tous cas aussi peu élégant – depuis…

On néglige souvent la vision très différente du monde que différents dirigeants ont adopté. Poutine, Xi, et plus récemment Trump ont des visions d’un monde divisé en zones d’influences. La Russie, c’est « ici », et autour de la Russie gravitent des pays qui sont plus ou moins directement soumis à la zone d’influence russe; des idiots utiles, comme la Biélorussie et son président Loukatchenko. L’Ukraine avec un président russophile n’eût probablement jamais été attaquée par Poutine, car elle restait dans la zone d’influence russe; en revanche, avec un gouvernement plutôt démocratique, elle risque de se tourner vers l’Occident, et doit donc être matée. Peu importent les raisons réelles ou fictives que l’on va invoquer, il n’est pas tolérable d’avoir une frontière commune avec un état qui n’est pas sous la zone d’influence russe. L’Union Européenne est dans cette optique un réel danger pour des autocrates comme Poutine, ou même Trump, car leur structure de gouvernance collégiale est assez séduisante pour des états comme l’Ukraine, même si cette structure s’accompagne de lourdeurs administratives.

Poutine a probablement plus peur de l’Union Européenne que de l’OTAN; après tout, les bases militaires de l’OTAN en Turquie, en Pologne et en Norvège, sont déjà à quelques kilomètres de sa frontière, alors que l’Ukraine n’avait, jusqu’à l’attaque par la Russie, pas encore été candidate à l’adhésion au traité de l’Atlantique Nord. L’Union Européenne en revanche est dangereuse parce que subversive aux yeux de dirigeants autocrates comme Poutine ou Trump. Elle donne l’impression aux habitants qu’ils pourraient décider de leur propre sort, et obtenir des avantages substantiels. Cette menace incite la Russie à inonder l’Europe Occidentale de cyberattaques et de tentatives de déstabilisation et de désinformation, comme récemment lors de la manipulation de l’opinion roumaine lors d’élections présidentielles.

Paul-Henri Arni a raison de rappeler certaines erreurs qu’ont pu commettre les Occidentaux dans leurs relations avec la Russie. La principale erreur, à mon avis, date de l’époque post-soviétique, alors que le peuple russe crevait de faim sous le gouvernement de Boris Eltsine, et qu’un rapprochement avec l’Europe occidentale eût été très bienvenu. Ce rapprochement n’a pas eu lieu, l’Europe avait d’autres soucis, et la Russie restait encore dans les esprits associée à la guerre froide.

Mais peu importent finalement les causes profondes de ce conflit. Je pense qu’aucune raison ne peut légitimer l’attaque militaire unilatérale d’un pays souverain, et je ne suis pas seul de cet avis. Le défaut du propos du journaliste est de passer sous silence (comme le fait Donald Trump d’ailleurs) ce fait avéré et indiscutable : la Russie est le pays agresseur.

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Tintin en Amérique

Je suppose que tout le monde a, un jour ou l’autre, entendu parler de Tintin, le reporter du « petit vingtième ». Le personnage de Hergé est emblématique de la bande dessinée et a contribué pour beaucoup à l’essor de cette activité au rang d’art à part entière. On parle désormais de « neuvième art » en évoquant la bande dessinée, encore que d’aucuns parlent aussi de « neuvième art » en évoquant la gastronomie…

Hergé avait à l’époque fait voyager son héros au Congo tout d’abord, puis en Amérique, où Tintin se mesurait à la pègre de Chicago, personnifiée par Al Capone, entre autres; Bien sûr, Tintin sortait vainqueur de l’affrontement après une série d’aventures invraisemblables, et avec l’aide de son chien Milou. Il repartait d’Amérique sous les vivats, en ayant démonté les gangs de Chicago et réduit la mafia à l’impuissance.

J’ai toujours pensé que le président ukrainien, Volodymir Zelensky avait quelque chose de Tintin. Pas forcément physiquement, encore que sa taille modeste et son visage ovale puisse suggérer une vague ressemblance. Non, c’est plutôt dans ce courage un peu naïf, une certaine insouciance dans l’entreprise, la certitude que le bon droit doive finir par l’emporter, la conviction que rien ne semble impossible que je vois des similitudes. Et puis, il a un passé de saltimbanque qui le rapproche du personnage de Hergé.

Tintin est retourné tout récemment en Amérique; mais cela s’est moins bien passé que la première fois. Le successeur spirituel de Al Capone était président des Etats-Unis, et il prônait ouvertement la paix imposée par le plus fort, soutenu en cela par son gouvernement. Tintin n’est pas sorti vainqueur de la confrontation, et n’est pas rentré chez lui sous les vivats. Et la diplomatie du plus arrogant, du plus puissant et du plus égocentriste gouverne désormais l’Amérique.

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Les aventures de Harry Zona

Harry est un individu qui a été jeune il y a bien longtemps, qui habite dans le canton de Neuchâtel, en Suisse. Comme de nombreux individus de cet âge, il a des ennuis de santé, mais dans l’ensemble il jouit d’une existence plutôt agréable et confortable.

Un vendredi d’octobre, en fin d’après-midi, Harry ressent une légère irritation au front, comme un léger coup de soleil sur la droite. Le lendemain, la sensation de brûlure était un peu plus forte, et il se rend à la pharmacie pour demander un avis autorisé. Il soupçonne un zona, et il sait que ce virus doit être traité aussi tôt que possible.

Le pharmacien consulté ne pouvait pas poser de diagnostic, mais proposa à Harry une pommade calmante, soi-disant ne contenant pas de de cortisone, – réputée néfaste en conjonction avec un zona – , mais qui s’avéra en contenir tout de même. Mais Harry restait sur un doute sur la conduite à tenir, et on lui conseilla une des rares permanences médicales ouvertes le samedi dans le canton de Neuchâtel, celle des Cadolles. Elle est tenue par admed, une entreprise du canton de Neuchâtel en difficultés financières notoires.

Harry se rendit dans cette permanence en fin de matinée du samedi, et après une longue attente, finit par être reçu au milieu de l’après-midi par une doctoresse qui l’examina sommairement, lui posa deux ou trois questions et lui dit en substance qu’il souffrait d’une piqûre d’insecte ou d’une allergie. Harry insista en demandant s’il ne s’agissait pas d’un zona, et obtint la réponse péremptoire et un peu sèche suivante :  » Non, non, cela ne vous fait pas assez mal pour que ce soit un zona, c’est probablement une allergie ». Et elle lui remit une ordonnance avec des anti-hystaminiques en dose massive, une pommade à la cortisone, et un anti-inflammatoire. Harry était très sceptique, car un diagnostic posé sur la simple indication de douleur, forcément subjective, du patient lui semblait un peu léger, et en tous cas dénué de toute démarche scientifique. Mais dans l’impossibilité d’obtenir un autre diagnostic, et une autre ordonnance, il se sentait obligé de se contenter de cela. Il était de toutes façons trop tard dans l’après-midi pour tenter de trouver un autre avis et une autre ordonnance, et Harry répugnait à se rendre aux urgences pour ce genre de problèmes. Harry rentra donc chez lui, mais avec une confiance quelque peu limitée en la pertinence du diagnostic, et se demandant si le traitement qui lui avait été prescrit était judicieux.

Le dimanche, Harry rencontra des amis; son front le brûlait toujours malgré la pommade, mais la douleur ressentie était suffisamment modérée pour permettre à Harry de plaisanter avec ses amis. En revanche, le lundi, la situation s’était fortement détériorée, son oeil droit était pratiquement fermé; la douleur n’était pas excessive, mais l’aspect le poussa à se rendre dans une autre permanence, un établissement qu’il avait déjà fréquenté par le passé, mais qui était malheureusement fermé le samedi, et là, un médecin identifia un zona avant même que Harry ne puisse lui dire bonjour. Il lui prescrivit immédiatement un médicament virostatique et lui dit que dans les 48 ou 72 heures, le problème serait réglé.

Sauf que le zona est un virus ayant une action complexe, et qui a des effets au-delà de sa période active; ce virus est de la famille des virus comme l’herpès ou la varicelle; tout le monde ou presque en est porteur, mais il s’active assez rarement, heureusement. Quand il s’active, il endommage les nerfs; il est donc vital de le traiter le plus tôt possible afin de limiter les dommages.

Un nerf endommagé envoie des signaux contradictoires au cerveau, qui interprète ces signaux comme de la douleur ou au mieux comme une démangeaison intense, voire les deux simultanément. Les nerfs ont la particularité de se réparer très lentement; un zona peut donc occasionner des douleurs difficilement tolérables plusieurs mois voire plusieurs années après que le virus ait été inactivé. Plus l’inactivation est rapide, plus la durée des douleurs sera brève; une attente de deux jours peut impliquer plusieurs mois de douleurs supplémentaires. Le diagnostic erroné de la doctoresse à la permanence d’admed n’est donc pas innocent. Il est même incompréhensible à certains égards. Se fonder sur l’impression de douleur ressentie par le patient, donc sur une information largement subjective, ne constitue pas une démarche scientifique, d’autant que les premiers symptômes du zona ne sont guère douloureux. Par ailleurs, il semble d’après divers avis que le diagnostic du zona ne soit pas très compliqué à réaliser de manière parfaitement objective; mais là, je ne puis être catégorique, bien sûr.

Harry Zona avait parfaitement réagi aux premiers symptômes; il a eu le tort de faire confiance à un diagnostic erroné et injustifiable. On peut dire qu’il a fait tout juste, mais que le médecin de la permanence (qui seul pouvait lui prescrire un virostatique) a quant à lui fait tout faux.

La morale de cette histoire ? Errare humanum est, bien sûr; mais il est des erreurs qu’un professionnel ne devrait pas commettre. De toutes façons, un diagnostic posé sur une information potentiellement subjective constitue une inadmissible erreur qui pourrait s’avérer grave. Et dans le doute, la responsable de ce diagnostic eût dû prendre un avis de tiers, sur une base photographique, par exemple; ou éventuellement prescrire un virostatique à titre préventif, pour la durée du congé dominical, en imposant un contrôle additionnel le lundi. Dans le doute, la prescription d’une pommade à base de cortisone est une hérésie, car la cortisone constitue un véritable booster pour le virus du zona. Actuellement, trois mois plus tard, les douleurs sont toujours suffisamment gênantes pour troubler le sommeil de Harry Zona, et lui pourrir l’existence, ainsi que celles de ses proches, en raison de la dégradation de son humeur, et de son irascibilité sccrue.

S’il vous arrive de ressentir une sensation de brûlure – comme un coup de soleil – localisée sur le corps, insistez pour obtenir un dagnostic précis, car le zona est semble-t-il assez facile à identifier de manière précise et infaillible, par un praticien compétent bien sûr. Mieux encore, faites-vous vacciner ! Ce n’est pas coûteux, ni douloureux, et cela vous évitera de longs mois, voire davantage, de douleurs et d’inconfort.

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