Imagine there’s no countries,
It isnt hard to do,
Nothing to kill or die for,
No religion too,
Imagine all the people
living life in peace…
John Lennon, Imagine, 1971
Richard Dawkins, Pour en finir avec Dieu, 2008.
On pourrait ajouter pas mal de choses à cette tirade, tant les crimes inspirés par la religion se sont multipliés depuis le début du « printemps arabe » et les massacres en Syrie et ailleurs (Daech, Boko Haram et tant d’autres). Il ne s’agit pas de fustiger une religion ou une autre : toutes les religions finissent par générer des attitudes mortifères et extrêmes; même le bouddhisme, que des idéalistes (souvent très sincères) ont longtemps estimé comme étant au-dessus de ces tendances extrémistes, peut engendrer la violence et le rejet de l’autre (celui qui ne croit pas la même chose).
J’ai moi-même passé une bonne partie de mon adolescence dans un milieu chrétien, catholique (collège de l’Abbaye de Saint-Maurice) et réformé (paroisse protestante de Bex); j’ai eu donc le temps de me familiariser avec les mécanismes de la croyance religieuse, même si je ne puis prétendre à une grande expertise en la matière. Mes connaissances en la matière ont tout juste suffi à me dégoûter de ces démarches d’un autre âge, à l’époque où il fallait convaincre les miséreux qu’un monde meilleur les attendait, de façon à ce qu’ils restent miséreux pour enrichir les seigneurs qui entretenaient les religieux. Un âge encore tout à fait actuel où il faut persuader encore et toujours les femmes qu’elles sont à l’origine des péchés du monde, et qu’elles doivent continuer à « enfanter dans la douleur » tout en se voilant le visage et en attendant bien sagement à la maison le retour du maître.
Sans religion, il n’y aurait pas d’imam (Komyrespir, un hommage ému à Frédéric Dard au passage) pour pervertir de jeunes paumés et les envoyer se faire tuer dans le désert de Syrie ou se faire sauter dans un tramway d’une capitale occidentale. Il n’y aurait pas de femme voilée jusqu’aux yeux ou plus, comme si une tempête de sable menaçait la ville de Paris où elle vit pourtant. Il n’y aurait pas de barbapoux en qamis , vivant aux crochets de la société civile, et dont on se demande si son accoutrement ne sert pas à dissimuler une k-allah-schnikov. Il n’y aurait pas de prêtres cul-sous-tannés utilisant la respectabilité conférée par l’habit pour satisfaire leurs désirs pédophiles (mais il y aurait toujours des pédophiles, ça oui !). Il n’y aurait pas eu d’Isabelle la Catholique pour massacrer des innocents dont le seul crime était de ne pas interpréter la foi comme l’Inquisition Espagnole qu’elle a fondée (Et dire qu’il y a des esprits barjos qui veulent en faire une sainte : cela montre finalement le peu de cas que fait parfois la religion catholique de la misère des mal lotis). Et je ne suis pas persuadé que l’absence de religion eût empêché l’avènement et l’action de personnes comme Albert Schweitzer ou mère Thérésa.
Sans religion, il n’y aurait pas non plus de cathédrales à visiter : non que cela me manque personnellement, mais la visite de ces monuments constitue tout de même une source de revenus intéressante pour un grand nombre de régions touristiques. Il est vraisemblable que l’utilisation de ces ressources pour la confection d’égouts ou d’aqueducs eût mieux servi les intérêts des populations de l’époque, mais voilà… Il n’y aurait pas non plus de chapelle Sixtine; et sans l’argent des papes (Sixte IV, à l’époque l’Eglise était incroyablement riche dans un monde composé de très riches et de miséreux, au fait cela me rappelle quelque chose), il n’est pas certain que Michel-Ange et ses collègues aient pu peindre ce plafond admiré par jusqu’à 20000 visiteurs par jour.
En revanche, l’absence de religion n’eût pas empêché l’avènement de Napoléon, de Hitler, de Staline ou autres Mao Dze Dong. Ou plus proche de nous, Donald Trump, Kim Jong Un ou Tayyip Recep Erdogan. L’absence de raisonnement construit et logique n’est malheureusement pas l’apanage de l’obscurantisme religieux; il y a bien des créationnistes athées (juste que l’on se demande comment ils peuvent croire en une création sans l’existence d’un dieu quelconque, mais bon, après tout, c’est leur problème, hein ?), et des docteurs en biologie qui réfutent la théorie de l’évolution, alors… La religion à elle seule ne permet pas d’expliquer toutes les tares du monde où nous vivons. Heureusement, d’ailleurs, en particulier pour ceux (plus nombreux que l’on croit) qui en vivent.
Il n’est pas certain que le monde se porterait mieux sans religion; mais je suis raisonnablement persuadé qu’il ne se porterait pas plus mal.