Le meilleur OS

Depuis les débuts de l’informatique personnelle, les systèmes d’exploitation de nos ordinateurs ont passablement évolué. De simples gestionnaires de fichiers, ils sont devenus multi-tâches, préemptifs, capables de gérer des gigabytes de mémoire virtuelle, et capables de se mettre à jour eux-même, souvent à la grande frustration de l’utilisateur qui pensait faire autre chose à cet instant que de télécharger plusieurs centaines de mégabytes dont il ne saura jamais exactement en quoi ils sont censés « améliorer » le fonctionnement de son ordinateur dont il était pourtant raisonnablement satisfait jusqu’ici.

Depuis DOS (PC-DOS, MS-DOS, FreeDOS ou DR-DOS) et l’Apple II (Apple DOS), quelques progrès ont été réalisés, il faut bien l’avouer. Surtout, la complexité a explosé : les premières versions de DOS tenaient sur 11 KB, les versions actuelles de Windows 10 atteignent ou dépassent 4 GB, soit grosso modo un facteur de 400000. L’arithmétique élémentaire voudrait que les systèmes d’exploitation modernes sont dont un demi-million de fois « mieux » que les les vieux machins pourris de notre jeunesse.

Bien sûr, il y a le multi-fenêtrage, le contrôle de médias de plus en plus sophistiqués, l’introduction de la 4K, les liaisons à grand débit, des périphériques de plus en plus complexes comme les imprimantes 3D, et tant d’autres choses encore à contrôler… mais faut-il vraiment avoir à manipuler plusieurs GB de données pour obtenir ces fonctionnalités ?

Plusieurs indices peuvent donner à penser que non. Tout d’abord, il existe des systèmes (simplifiés, il est vrai) qui proposent des fonctionnalités similaires à un « coût » (en taille mémoire) nettement plus modeste. Ordissimo, Linuttop et d’autres distributions « allégées » de Linux montrent que c’est possible, même si c’est au prix de l’abandon de quelques fonctionnalités rarement utilisées (fonctionnalités que l’on pourrait théoriquement rajouter par la suite d’ailleurs). Souvent d’ailleurs, ces systèmes basés sur Linux sont moins sensibles aux virus et autres malware; non qu’ils soient mieux protégés, mais développer un malware pour ces systèmes n’est pas très avantageux vu leur relative rareté actuelle.

Mais d’un point de vue plus technique, il semble légitime de se demander si les améliorations des divers systèmes d’exploitation que nous utilisons sont fondés sur de réelles avancées informatiques; et là, force est de constater que le bilan est assez mitigé. Windows 10 garde une architecture somme toute assez conventionnelle, développée en 1993 pour Windows NT. Cette architecture est inspirée de VMS (1978), le système d’exploitation du défunt Digital Equipment Corporation; d’ailleurs, WNT (pour Windows NT) constitue la suite alphabétique de VMS. Une architecture somme toute pas si lointaine de celle utilisée par son grand concurrent Apple qui elle est directement tirée de Unix, (BSD, une distribution qui date de 1977 !). Jusqu’à Google, dont le système Android repose sur Linux, qui lui-même est un avatar de ce même UNIX sur lequel se repose aussi le système concurrent de Apple, iOS. On pourrait en conclure que l’on n’a plus rien inventé depuis les années 1970…

C’est faux, bien sûr; des progrès très significatifs ont été réalisés dans ce domaine particulier; mais le développement d’un nouvel OS demeure une tâche très complexe et extrêmement coûteuse, et les grandes entreprises comme Microsoft et Apple n’ont guère intérêt à investir dans un secteur où peu d’avantages économiques sont à espérer; mieux vaut donc « améliorer » l’existant jusqu’au jour que l’on espère très lointain où il sera nécessaire de tout changer; en attendant, on compte sur les performances des processeurs et le prix toujours plus bas des mémoires pour faire survivre des systèmes obsolètes et de plus en plus lents à force de raccommodages divers.

Il existerait donc un créneau pour les Européens (ou plus exactement les non-Américains) pour développer un OS indépendant; pas tellement pour faire autrement que les Microsoft et Apple, mais pour se rendre un peu plus indépendants de la tutelle informatique américaine. Et accessoirement pour remettre sur l’avant-scène informatique les chercheurs européens en informatique. Un OS basé sur un micro-noyau, intégrant la virtualisation des ressources, du stockage et du réseau, avec une sécurité implantée dans le noyau plutôt que dépendante de logiciels anti-virus toujours en retard d’une guerre… Un OS portable, tenant sur une petite clé USB, avec toutes les fonctionnalités nécessaires, mais accessible au plus grand nombre… On peut rêver; mais techniquement et pratiquement, c’est tout à fait possible. Avec la satisfaction, -cerise sur le gâteau- de compliquer la tâche des hackers de tout poil, mais majoritairement russes, qui ciblent actuellement essentiellement les systèmes Windows.

A une époque où un peut-être psychopathe dirige la plus puissante nation du monde, et détient de facto le pouvoir de contrôler l’informatique de la planète au travers d’entreprises basées sur le territoire américain, les autres régions du globe feraient peut-être bien de se poser la question de leur dépendance à des systèmes comme Windows et Apple OS. La guerre économique lancée par Donald Trump devrait servir d’avertisseur; le dirigeant chinois Xi Jin Ping joue de son côté certainement avec l’idée de l’indépendance informatique de la Chine vis-à-vis des Etats-Unis.

Un élément de plus à insérer dans la To Do List de Macron et de Merkel ? Oui, certes, et peut-être aussi de nos universités qui n’en finissent plus de s’inventer des problèmes financés par le contribuable, mais qui débouchent trop rarement sur des avancées significatives ou des entreprises commerciales à succès.

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