La stupidité

« Contre la stupidité, les dieux eux-mêmes luttent en vain.  » (Friedrich von Schiller, gegen Dummheit kämpfen Götter selbst vergebens, la Pucelle d’Orléans, 1801). Cette phrase célèbre a servi entre autres à l’écrivain Isaac Asimov pour un roman de science-fiction célèbre. L’idée générale a ensuite été reprise par plusieurs auteurs :
La bêtise humaine est la seule chose qui donne une idée de l’infini. (Ernest Renan)

Il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la bêtise humaine… mais pour l’univers, je n’ai pas de certitude absolue.
(Albert Einstein)

Et d’autres encore, d’Alexandre Dumas à Gustave Flaubert qui se sont indignés contre la bêtise. Il ne s’agit donc guère d’une nouveauté; et pourtant, il semble qu’en ce vingt-et-unième siècle, on ait décidé de battre plusieurs records en la matière.

En 1960, François Cavanna et le professeur Choron créaient Hara-Kiri, le journal bête et méchant. En 2014, une horde de sous-êtres ont crée Dabiq, un contenu indiciblement bête et tragiquement méchant diffusé sur Internet. L’un était drôle à pleurer, l’autre triste à pleurer aussi. Les auteurs sont à l’avenant : fins, cultivés et critiques pour les uns, d’une absurde stupidité jointe à une violence gratuite et un non-raisonnement digne d’une huître avariée pour les autres. La stupidité n’a effectivement pas de limites.

A la mesure de la petitesse du pays des nains de jardins, une initiative populaire joliment appelée ECOPOP a été déposée pour limiter la surpopulation dans une optique prétendûment écologique. Selon cette initiative, on ne pourrait plus tolérer une immigration dépassant 16000 personnes chez les nains de jardin. Inutile de dire que cela viderait les hôpitaux de leurs personnel soignant, réduirait à néant les revenus des assurances sociales actuellement financées essentiellement par l’immigration, et anéantirait pas mal d’entreprises alors que d’autres plus aisées auraient les moyens de s’établir ailleurs. Ce qui reste ahurissant. c’est que les sondages voient une proportion (provisoire) de 35% se déclarer favorables à cette hérésie. Ce qui est encore davantage ahurissant, c’est de voir des personnes pas complètement stupides (enfin, on le croyait), défendre ce torchon raciste. Ah oui, parce que le texte prévoit aussi d’encourager les négrillons et les petits jaunes (je suppose que c’est ainsi que les initiants les perçoivent, en tous cas c’est ce qui transparaît de leurs discours) à limiter leur démographie en leur fournissant des préservatifs gratuits. On se croirait revenus à l’époque colonialiste, sauf que nous ne l’avons peut-être jamais quittée; nostalgie… Je suppose que s’ils gagnent, les initiants proposeront de poser eux-même les préservatifs sur les sexes en érection des populations « sous-développées » et incapables de réfréner leurs ardeurs bandantes…

Reblochon a décidé de s’opposer à cette initiative, mais sa base est pour : massivement, même. Comme quoi Reblochon n’a pas l’apanage du discours populiste primitif, et que, une fois réveillés les instincts les moins dignes de l’homme, ils sont recyclables par tous les extrémistes fascisants, même lorsqu’ils se parent d’écologie…

Pour ne pas se laisser trop déborder, Reblochon prépare d’ailleurs une autre initiative : la primauté du droit suisse sur le droit international. Génial. Imaginons que sur le modèle des nains de jardin, d’autres fassent de même : tel pays peut inscrire dans son droit à lui la légitimité de l’assassinat de journalistes étrangers (ou d’étrangers tout court d’ailleurs). Le pire, c’est que Reblochon a de bonnes chances de l’emporter : la stupidité n’a pas de limites, et le nombre d’adeptes de la non-réflexion et du repli sur soi-même ne fait qu’augmenter.

Les exemples ne manquent malheureusement pas; mais je m’arrête; j’ai l’impression d’enfoncer des portes ouvertes, ce qui dénote aussi d’une certaine stupidité…

 

Chanson pour Christophe

En 1986, Renaud sortait « Mistral Gagnant« , un magnifique album dont j’écoute encore aujourd’hui certains morceaux avec émotion. On se situait après le drame du stade du Heysel, il y avait l’absurde guerre des Malouines, et madame Margaret Thatcher imposait son credo ultra-libéraliste en Grande-Bretagne. Renaud avait inclus dans « Mistral Gagnant » une chanson pleine de haine, irrévérencieuse, dont je n’approuve pas forcément  les postulats, mais qui est par ailleurs magnifique de rythme et pleine d’amour pour les femmes (à part, bien sûr, madame Thatcher…). C’était « Miss Maggie » : un monument de la chanson française, à mon humble avis; un artiste qui exprime sa colère, une certaine indignation avec poésie et mélodie. Et avec irrévérence et -disons-le- injustice parfois. On n’a pas fait mieux depuis. C’est pourquoi je me suis demandé si l’on pouvait adapter ce brûlot de Renaud à d’autres personnes, en particulier dans notre pays de nains de jardin où Reblochon joue un rôle si déterminant (mais pas forcément positif) pour l’avenir du pays  et de sa jeunesse.

J’ai donc essayé timidement de pondre deux couplets sur l’air de « Miss Maggie »; en toute humilité. Je ne suis pas bon parolier; pas même médiocre. Je suis sûr que vous pouvez mieux faire. Merci de me faire parvenir vos couplets, le cas échéant. Et de me pardonner ceux que j’ai eu l’immodestie de commettre.

Mais qui sait ? On arrivera peut-être à faire une chanson ?


 

Vous, politiques de tout poil

Qui polluez l’espace vital

Vous voulez juste être réélus

Même quand votr’âge n’l’permet plus

Je respecte votre travail

Mais beaucoup moins tout l’attirail

D’absurdités dont v’s entourez

Tous vos arguments mensongers

Mais parmi le gros tas de nains

Qui encombrent notre jardin

Y’en a pas trop de délétères

A part peut-être Christophe Blocher


 

Gens de droite, suisses allemands

Gens de gauche, suisses romands,

Ça ne fait guère de différence

C’est tous en gros la même engeance

On est en démocratie

on croit voter pour la patrie.

Y a bien quelques différences,

Mais souvent sans vraies conséquences

Dans ce jeu de majorité

Où perdre c’est comme gagner

Y’en a pas trop d’autoritaires

A part bien sûr Christophe Blocher