Tout le monde a bien sûr suivi cette parodie de réunion au sommet entre le président de la Russie et le président des Etats-Unis à Anchorage, le 15 août 2025. L’ Américain Trump annonçait un cessez-le-feu rapide (en l’absence de l’un des deux belligérants !), avec des menaces de sanctions très graves envers le Russe de Poutine si aucun accord dans ce sens n’était trouvé. Résultat des courses, du point de vue de l’observateur lambda que je suis : Pas de cessez-le-feu, rencontre écourtée (Vladimir Poutine avait peut-être oublié de fermer le gaz chez lui en partant ?) et sans aucun résultat publié, et un discours totalement différent après cette pseudo-rencontre de la part de Donald Trump qui à oublié les sanctions promises, et semble rejeter à nouveau la responsabilité de ce conflit sur l’agressé, en l’occurrence le président ukrainien Volodymir Zelenski, non convié à cette réunion.
Bien sûr, on a pris l’habitude de l’incohérence et des sautes d’humeur de Trump; mais ce genre de volte-face a un goût de déjà vu. Un peu comme s’il suffisait que Poutine hausse le ton pour que Trump modifie son discours pour le rendre plus favorable à l’agresseur russe.
On a assisté ensuite au Trump Show qui a convié Zelensky à Washington – et où les dirigeants européens se sont invités -pour parler de paix pendant que les drones et les missiles continuaient de pleuvoir sur le terrain, en Ukraine. On a même décidé d’une réunion entre Poutine et Zelensky, et peut-être Trump, voire plus si entente pour conclure un accord de paix. Toujours du point de vue de l’observateur lambda que je suis, parler d’accord de paix alors qu’il semble impossible de simplement parler de cesser le feu me paraît quelque peu incohérent. Mais apparemment, c’est ainsi que fonctionne la politique, du moins quand il s’agit de Donald Trump.
Une chose est sûre, c’est que cela permet à Poutine de gagner du temps, et que cela occupe ses adversaires pendant qu’il continue à envoyer des missiles et des drones sur les Ukrainiens. Dans cette configuration, Trump joue le rôle de l’idiot utile. Il fait ce que l’on lui dit de faire comme si c’était de sa propre initiative, alors que toutes ses actions sont en réalité dictées par celui qui tient les fils de la marionnette : le président russe Vladimir Poutine. Le rôle évident de la Russie dans l’élection de 2016, ainsi que les nombreux financements russes ayant évité la banqueroute à Donald Trump contribuent à étayer ces soupçons. Car il est rare, en politique comme ailleurs, que ce genre d’aides soient désintéressées. Il n’est pas impossible qu’en l’état, le président américain doive rendre des comptes à son homologue russe, et que la conférence au sommet d’Anchorage n’ait finalement été qu’une manière spectaculaire pour Poutine pour donner ses directives.
En l’état, je ne pense pas qu’il y aura une réunion Zelensky-Poutine, ni à Genève (dans un pays jugé inamical entouré des armées de l’OTAN) ni à Moscou, d’où il n’est pas du tout sûr que Zelensky ne revienne. Ni à Abu Dhabi ou Istanbul d’ailleurs, car il faudra auparavant discuter des modalités, des objectifs et des conditions de part et d’autres, et cela prendra beaucoup de temps. Comme aucun cesser le feu n’est envisagé pour le moment, on pourra continuer pendant tout ce temps à joyeusement massacrer des civils et faire tuer des soldats pour la plus grande gloire de la Sainte Russie. En temps utile, on prétendra que les pourparlers n’avancent pas en raison de la rigidité des positions de l’autre, et on reviendra à la case de départ, où l’idiot utile de Washington pourra de nouveau être mis à contribution.
Mais Donald Trump, de son côté, dispose aussi de quelques idiots utiles : je ne vais pas me livrer ici à une énumération fastidieuse, mais ces derniers temps, on a assisté à une prestation assez déplorable de la diplomatie suisse vis-à-vis des Etats-Unis. De facto, la Suisse est devenue l’idiot utile des Américains. Le fait qu’elle ne soit pas tout à fait la seule ne constitue pas une consolation; le Liechtenstein (incidemment partenaire de l’Espace Economique Européen) ne subit pas la même punition que la Suisse, et pourtant il n’a même pas acheté – à prix fixe – des avions de combat F 35 aux Etats-Unis.
Mais peut-être que je me trompe; Donald Trump considère sûrement la Suisse (comme beaucoup d’autres d’ailleurs) comme un idiot; mais « utile » ? Probablement pas.