J’ai adoré lire des romans de science-fiction, et j’apprécie toujours ce genre de littérature souvent tenue pour mineure. J’ai lu et relu les « Fondations« , « Dune » ou encore les romans atypiques de Philip K. Dick.
Dans ce genre de romans, les dystopies sont plutôt rares. Je rappelle brièvement ici qu’une dystopie est une vision particulièrement sinistre et négative, voire cauchemardesque de l’évolution d’une société. Mais il y en a de célèbres, à commencer par 1984 de George Orwell. ou le « Maître du Haut Château » de Philip K. Dick encore qu’on puisse débattre de ce qui constitue une dystopie ou une utopie, bien sûr.
Une dystopie est donc irréelle; mais j’ai l’impression que nous vivons actuellement une dystopie; ce qui bien sûr constite en soi un non-sens. L’administration américaine actuelle foule aux pieds tous les principes constitutifs de la démocratie américaine, de la Constitution qui leur a permis d’être élus. La justice continue à fonctionner, mais le gouvernement ne tient plus aucun compte de ses jugements, se bornant à virer tel juge qui a émis un verdict défavorable. Les médias continuent à effectuer leur travail, mais ils se voient retirer toute crédibilité par un gouvernement qui ne connaît d’autre vérité que celle qu’il réinvente à chaque minute. Les hôpitaux, dont certains comptent parmi les meilleurs du monde, fonctionnent en dépit du ministre de la Santé qui dénigre l’approche scientifique, les vaccins, et même parfois la médecine en général. Quelques-unes des meilléures universités du monde sont la cible d’attaques du gouvernement qui les rend responsables d’antisémitisme parce que leurs rectorats admettent que les étudiants puissent manifester leur opinion même si elle n’est pas représentative de celle du gouvernement. La NASA, fleuron de la conquète spatiale, se voit punie parce qu’elle privilégie une approche scientifique de l’étude la planète Mars, alors que le président (et son complice intermittent Elon Musk) préfèreraient envoyer des hommes tout de suite, alors même qu’on doute qu’il soit possible de les en ramener en bon état avec les technologies à découvrir dans les dix prochaines années. Le président Trump désirerait se voir octroyer le prix Nobel de la paix, mais il coupe les financements à l’USAID, menaçant l’existence de millions de personnes, dont principalement des enfants. Le gouvernement affame les fermiers de l’Arkansas avec des taxes à l’importation censées enrichir les Etats-Unis; mais qu’à cela ne tienne, ces fermiers continuent à prier en attendant des jours meilleurs.
Les Etats-Unis d’Amérique ne sont pas la seule nation qui se distingue par un comportament de plus en plus irrationnel : en France voisine, deux des principaux partis politiques préfèrent laisser sombrer la nation dans le surendettement plutôt que d’envisager le mondre compromis avec ses adversaires politiques. A l’ONU, les nostalgiques de la défunte URSS, Poutine et Lavrov et tête, nient toute ingérence en dépit de l’évidence des faits. En réalité, ils nient tellement de choses que l’on se demande à quoi peut bien servir la Russie, car de l’aveu de ses propres dirigeants, elle ne fait strictement RIEN.
Et la Suisse, notre chère patrie, fait-elle tout juste ? J’ai quelques doutes à ce sujet, en vérité. Notre armée s’équipe de drones : malheureusement, ils ne fonctionnent pas en hiver, et il faut les faire accompagner d’un hélicoptère ou d’un avion pour qu’ils consentent à décoller. Elle va acquérir des avions d combat F-35 qui pourront traverser le pays en moins de 10 minutes : mais ces (très coûteux) monstres de technologies sont incapables d’intercepter des drones bon marché qui attaqueraient des cibles civiles ou militaires sur le territoire suisse. Malheureusement, on sait depuis la guerre en Ukraine que les drones constituent probablement la clé des prochains conflits armés. La Suisse possède un des ,meilleurs systèmes de santé du monde : mais il est très coûteux; et étrangement, la proportion du revenu consacrée à l’assurance maladie pour les cytoyens est inversément proportionnelle à ce même revenu. Moins tu gagnes, plus tu paies.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur le caractère de plus en plus étrange et illogique des choses dans le monde; mais vous avez compris l’idée. Nous sommes en train de vivre le basculement de la société telle que nous l’avons connue dans un monde étrange et dystopique. Je ne suis pas certain que ce nouveau monde me plaise. En fait, j’aimerais bien avoir de nouveau vingt ans; mais dans ce monde qui se prépare, mon enthousiasme à cette perspective de rajeunissement est quelque peu tempéré.