Au cours de mon existence, j’ai souvent eu affaire à des insectes que l’on qualifie de nuisibles. Cafards, blattes, asticots; bien sûr ils ne sont pas vraiment nuisibles, car ils remplissent un rôle dans la diversité écologique. Les asticots, par exemple, permettent d’accélérer le processus de décomposition d’un animal et de recycler efficacement les protéines d’un cadavre. A défaut d’être ragoûtant, le mécanisme a le mérite de fonctionner. La blatte de jardin participe à ce mécanisme : elle se nourrit de cadavres et contribue de ce fait aussi à assainir notre environnement.
Il est plus compliqué de justifier l’existence des cafards (ou blattes) domestiques. Attirées par la nourriture ou les déchets ménagers, ce sont de véritables parasites qui peuvent poser de sérieux problèmes dans un habitat, même si celui-ci demeure d’une propreté tout à fait correcte. Je me souviens avoir eu affaire aux blattes lorsque je travaillais en Afrique du Nord : toutes les maisons étaient infestées de cafards; même les baignoires des meilleurs hôtels devaient être soigneusement examinées et rincées avant toute utilisation. La nuit, allumer la lumière de la lampe de chevet avait pour effet de provoquer un léger bruissement de milliers de petites pattes fuyant la lumière… Ce sont ces expériences qui permettent de relativiser l’inconfort relatif de certaines cabanes de montagne.
Il me semble aujourd’hui que les cafards, ou blattes domestiques, probablement inutiles à l’écologie, loin d’être éradiqués, ont pris l’ascendant sur le monde prétendûment civilisé des humains. Nous sommes, me semble-t-il gouvernés par des cafards. Que l’on en juge plutôt :
- Il y a le cafard de Washington, qui se repaît de dollars, surtout des dollars des nécessiteux d’ailleurs. Après avoir coupé à la tronçonneuse dans les budgets de l’USAID et du Programme Alimentaire Mondial, en mettant en danger de millions de vies humaines dans le monde, il veut taxer les médicaments de 200% à l’entrée aux Etats-Unis, mettant ainsi en danger des milliers de personnes dans son propre pays, dépendantes de médicaments venant de l’étranger, et ne pouvant plus se payer des produits pourtant indispensables à leur propre survie.
- Il y a le cafard de Moscou, qui se repaît de cadavres, de préférence ukrainiens et russes. Pour agrémenter ses repas, ce sinistre cafard a eu l’idée d’entraîner ses pilotes de drones sur des civils, à Kherson, surtout des vieillards et des enfants, ça court moins vite. C’est comme un jeu vidéo avec différents niveaux de difficulté : les vieillards, c’est le niveau le plus facile, alors que les militaires, c’est plus difficile.
- Il y a le cafard d’Israël, assez similaire à celui de Moscou, mais proche de celui de Washington; ce dernier l’aide efficacement au besoin. Il aime bien l’odeur des cadavres aussi, et si ces derniers sont civils, il ne s’en formalise pas outre mesure. Il est en lutte aussi avec les cafards islamiques, dont certains financent de célèbres équipes de football en Europe et ailleurs : il paraît que cela fait bien dans le paysage..
- Et que dire du cafard chinois, qui n’en dit guère, mais attend patiemment que les autres cafards s’entre-déchirent pour profiter du charnier résultant ?
- Et comment qualifier les divers cafards européens qui profitent des financements de l’Union Européenne, mais qui fricotent ouvertement avec le cafard de Moscou ?
On pourrait citer d’autres exemples; malheureusement, nous semblons désormais gouvernés par des cafards. Mais ce qui est désespérant, c’est que certains de nos dirigeants occidentaux que l’on croyait pourtant loin de la nécrophagie propre aux cafards, n’hésitent pas à s’agenouiller face à ces horribles insectes nuisibles pour obtenir des concessions qui, à supposer qu’elles soient accordées, pourront être invalidées immédiatement si tel est le bon plaisir du cafard. Il y a même des exemples patents dans l’enceinte du gouvernement helvétique. Sans avoir cherché trop précisément dans le bâtiment du Palais Fédéral, je peux affirmer qu’il contient aussi des cafards, et non des moindres.
Nous sommes environnés et bientôt envahis d’insectes nauséabonds et nuisibles; je me demande s’il est encore temps de réagir.
Comment en est-on arrivé là ?