Le respect des autres…

La notion du respect des autres varie énormément en fonction de la personne qui l’exerce. Ainsi, en ce qui me concerne, saluer une personne en lui serrant la main fait partie de ma notion du respect de l’interlocuteur; c’est d’ailleurs une attitude commune à notre environnement culturel. Récemment, deux adolescents ont refusé de serrer la main d’une personne sous prétexte qu’il s’agissait d’une femme. Questionnés à ce sujet, ils se sont ingénié à démontrer que leur notion de respect était bien supérieure à celle prônée par la société dans laquelle ils avaient été accueillis, puisque leur respect de la femme allait jusqu’à ne pas toucher une femme hormis la sienne. Négligeons (de toutes façons, il n’est guère possible d’entamer un échange rationnel sur ce thème) le fait que leur père (présent lors de la question) est un imam bien connu pour ses positions radicales, et que ce petit monde « officie » dans une mosquée (?) également sous le collimateur des autorités en place en raison des soupçons de radicalisme entretenus de longue date.

L’attitude des deux petits jeunets (attitude dont ils ne sont pas responsables, probablement, endoctrinés qu’ils sont par une dialectique de premier ordre développée par un hurluberlu qui a de surcroît force parentale) n’est pas défendable, bien évidemment. Ils considèrent qu’il ne faut pas toucher une femme parce qu’elle ne leur appartient pas (il n’y a que la « leur » qu’ils peuvent toucher, ils l’ont dit et redit, donc une femme « appartient » à un homme ; par corollaire, elle n’a d’existence que par le biais de cet homme, qui de son côté peut en posséder plusieurs). Le fait qu’une femme soit un être humain autonome et qui a le droit d’avoir sa propre notion du respect est totalement absent de leur entendement (d’où la notion de harem), pour ne rien dire du fait que ces deux petits font passer leur propre notion de culture avant la culture de la société qui les a accueillis. Tu penses bien que si je vais dans une mosquée chez eux et que je garde mes godasses, je vais me faire rabrouer ; pourtant, dans ma culture, il est n’est pas très convenable de se promener nu-pieds dans un lieu de culte…

Malheureusement, des comportements aussi méprisants à l’égard de la culture de la société qui a accueilli ces hurluberlus font débat, au lieu d’être remis à la place qu’ils méritent : un avertissement, puis renvoi de l’école en cas de récidive. C’est tout à l’honneur des provocateurs qui sont derrière ces comportements, et qui se mettent rarement en avant lors de ces « débats » (le terme débat est inapproprié, car il n’y a généralement aucun débat possible, chacun restant sur sa position au mépris total des interlocuteurs) : ils parviennent à monter en épingle des faits divers qu’ils vont mettre en exergue lors de leur prochaine intervention dans la mosquée dont ils sont les imams pour bien montrer à quel point les Occidentaux dénigrent leurs cultures, et sous-entendre par ce fait même que le djihad est la seule issue. A force de répétitions, et avec l’appui d’une rhétorique bien huilée, cela permet de faire des émules dans une population souvent déstabilisée par des problèmes matériels et existentiels.

Malheureusement, la religion est basée sur le fait que « j’ai raison, et tous les autres ont tort, et ma croyance est immuable » ; ceci rend tout échange difficile voire impossible. Qu’un bouquin datant de plusieurs siècles, maintes fois traduit et recompilé, jamais remis en cause puisse faire autorité sur ce genre de comportement à l’heure actuelle est fascinant d’absurdité. Cela donne effectivement des thèses aussi loufoques que celles des créationnistes, ou des comportements à tendance radicale délétères comme ceux prônés par les extrémistes de l’islam. Les religions (en tous cas le plus grand nombre d’entre elles) n’ont pas encore appris le respect ; peut-être est-ce une notion antinomique de l’idée même de croyance religieuse ? Car la notion de respect inclut aussi tous les adeptes d’une croyance ou d’une opinion pouvant être différente de la nôtre. Que ferait la religion (n’importe laquelle) en présence d’extraterrestres ? Éventuellement dotés de paradigmes fondamentalement différents des nôtres ? Plusieurs auteurs de science-fiction se sont essayés à cet exercice, mais je ne suis pas sûr que l’imagination suffise à anticiper le résultat…

Je pense sincèrement qu’il faut continuer à accueillir les réfugiés en provenance des mondes en guerre ; mais il est également indispensable de parvenir à vivre en bonne harmonie, et des gens comme ces deux fauteurs de trouble ne cadrent pas dans ce contexte : ils font beaucoup de mal à leurs coreligionnaires en polarisant leur attitude conflictuelle sur leur religion, ce qui pousse tout un chacun à faire l’amalgame, et donc de stigmatiser les musulmans qui pour la plupart n’ont rien à voir avec ces stupidités initiées par des fauteurs de troubles lobotomisés.